Attention, mesdames et messieurs, nous avons affaire ici à du lourd, à du très lourd, et pas seulement à cause du poids de ce pavé de 980 pages, mais surtout en raison de toutes les qualités du récit qu'il contient.

S'ensuivent les deux reproches de taille que je peux faire mais qui sont insuffisants à dégrader la note finale : les longueurs et la forme narrative. L'auteur réussit presque l'exploit de rendre agréables les longueurs qui caractérisent certains chapitres mais elles n'en restent pas moins des longueurs. Je reconnais que sans elles, le récit n'aurait certainement pas au final une telle saveur mais quand même... Et puis, la forme narrative ne tient pas selon moi. Tout au long du récit, l'auteur nous explique que le narrateur retranscrit son histoire sur parchemin - ce que déjà j'ai du mal à croire étant donné le contexte - mais ce positionnement est complètement compromis par le dénouement sibyllin du roman. Ou alors, j'ai raté un truc, sur 980 pages, c'est possible, vous m'en excuserez.

Bien, à présent que je me suis débarrassée sans beaucoup de diplomatie des points négatifs, passons aux points positifs que je résumerai pour faire simple en 980 points - un hommage, en quelque sorte...

Non, ne fuyez pas, c'était une blague, je serai bien plus synthétique !

Nous sommes donc plongés dans une aventure incroyable vécue du côté des méchants (et oui, ça change !) où se mêlent en un inextricable chaos parfaitement orchestré la politique, l'économie, les arts, l'espionnage, les luttes intestines, les luttes de pouvoir, les mœurs, la magie, l'action, les complots, les elfes, etc, etc. Le tout, dans un monde correspondant peu ou prou à notre bonne vieille Europe et à notre chère Mare Nostrum (enfin, c'est ainsi que je l'ai perçu), un monde dominé par une jumelle de notre Venise, Ciudalia, tout aussi décadente et pourrie jusqu'à la moelle, et où de faux sénateurs se rêvent en despotes pas éclairés du tout et manipulent des hommes de main pour parvenir à leurs fins. Parmi ces salauds sans scrupules qui savent cacher des dagues jusque dans leur slip se trouve notre narrateur, don Benvenuto, un type au cuir plutôt résistant et aux ressources infinies. Un type qui m'a soufflée dès le premier chapitre, m'a présenté son univers, m'a parfois un peu perdue dans ses réflexions et ses analyses géo-politiques mais m'a définitivement emmenée avec lui au bout de son périple.

Je pense qu'on pourrait parler très longtemps de ce roman, de la superbe plume de son auteur et de la richesse de son vocabulaire mais le mieux est encore de le découvrir ; "Gagner la guerre", ça ne s'explique pas, ça se vit. Et nul doute qu'on parlera de ce roman pendant encore très longtemps.
Gwen21
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le 4 nov. 2014

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Gwen21

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