Gagner la guerre par Penro
Quelle gouaille ! Sérieux, ça défouraille de partout, ça vole et ça gicle ; quel jabotage ! Ça caquète et parlemente avec atours et ambages, ça s'élève puis s'écrase dans l'immondice argotique le plus fangeux.
Un formidable tour de force stylistique dans la narration d'une formidable vivacité du truculent don Benvenuto, assassin émérite de profession, et homme de main de son excellence le Podestat de la République de Ciudalia... Magnifique ruffian à la gueule défoncée, grandiose narrateur qui sert le lecteur avide que nous sommes de détails sordides dans un récit d'une agréable densité, sans oublier de nous taquiner plus souvent qu'à son tour ; non content de nous servir sa rocambolesque histoire, il se permet de s'y placer comme le principal attrait, et de mériter pleinement cet intérêt !
Car l'homme est superbe, complexe et réticent à se dévoiler ; et quand il sort de l'ombre, ça tranche généralement dans le vif.
Les deux gros points forts du livre, donc : le verbe et la populace. Car non content de nous offrir un magnifique truand, le Jaworski nous fournit en plus une belle brochette de personnages secondaires !
Le Podestat est un charmant manipulateur, sa fille une tortueuse garce ; l'homme de l'ombre, le basané, le Ressinien, qui jamais jusqu'au bout ne se dévoile pleinement. Et les autres, fiers escrimeurs, vieillard s'accrochant à leur influence...
Un style grandiose donc, au service d'une belle galerie de caractères bien trempés et d'une histoires rocambolesque qui a l'élégance de ne pas tout dévoiler (narration à la première personne oblige).
Histoire d'achever l'affaire : Ciudalia est un superbe cadre, qui fait penser à une Italie commerçante fantasmée, quelque part entre Venise et Florence, et comble du plaisir, les scènes d'escrime et d'action ont la bonté d'être claire et compréhensible.
Comment résister à ce charmant cabotin, qui nous sourit de toutes ses dents brillantes ?
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