Gens de Dublin
7.3
Gens de Dublin

livre de James Joyce (1914)

Un recueil de 15 nouvelles dans lesquelles le whisky et le stout coulent à flot. Saynètes mettant en exergue les habitants de Dublin, petits et grands, vulgaires et bien comme il faut, aisés et sans le sou, timides et batailleurs, jeunes et vieux. Un panel représentatif de ce que contenait la ville au début du 20e siècle (alors qu’Edouard VII règne sur l’Empire britannique et qu’Enrico Caruso est acclamé sur les scènes du monde entier) et que James Joyce dépeint avec un immense talent.
A travers ces quinze nouvelles, c’est l’âme de ville que le lecteur découvre. A l’issue de cette lecture, j’ai l’impression de connaître intimement Dublin.

1-Les sœurs. Le révérant James Flynn est décédé. Le narrateur, un gamin, était son ami et lui rendait souvent visite. Le vieil homme lui a apprit beaucoup de choses : à prononcer correctement le latin, les répons, les différentes institutions de l’Eglise… Sa disparition laisse un vide, dans sa vie ainsi que dans celle de ces deux sœurs Nannie et Eliza avec lesquelles il vivait pauvrement.

2-Une rencontre. Trois gamin, Joe Dillon, Mahony et le narrateur décident de faire l’école buissonnière une journée durant. Ils se donnèrent rendez-vous pour le lendemain matin avec l’intention de prendre le bac et de pousser la balade jusqu’à pigeonnier. Mais le lendemain, point de Joe. Les deux autres fustigèrent sa couardise et partir seuls. Arrivés à destination, ils firent la rencontre d’un vieil homme qui leur affirma que rien ne lui plait davantage que de donner le fouet aux jeunes garçons mal élevés.

3-L’Arabie. Le narrateur (jeune) vit avec son oncle et sa tante au fond d’une impasse dans laquelle il joue avec ses camarades du quartier. Il est amoureux de la sœur de l’un d’eux mais n’a jamais parlé à cette dernière. Quand l’occasion se présente enfin, la jeune fille lui demande s’il a l’intention d’aller visiter la foire. Cette foire qui devient alors pour lui un but à atteindre, fille et foire se mêlant en un même fantasme.

4-Eveline. Une famille austère, pauvre. On ne rit pas tous les jours. Le père est dur mais pas méchant. Tout du moins pas du vivant de son épouse. Après, ce fut une autre chanson. Eveline trime du matin au soir, se fait rabrouer, prend des coups. Mais tout ça doit se terminer bientôt : elle va suivre Franck, son amoureux de marin, qui veut l’épouser et l’emmener à Buenos Aires. Mais au moment de l’embarquement, Eveline ne peut se résoudre à monter à bord.

5-Après la course. Les personnages sont, cette fois, forts aisés. Riches même. Quatre d’entre eux viennent de remporter une course automobile. Le propriétaire de la voiture est l’un d’eux. Un second souhaite investir dans ce domaine. Tous vont fêter la victoire autour d’une table : alcool fort, jeux d’argent, débats politiques. On refait le monde.

6-Les deux galants. Deux amis, bien mis, déambulent dans les rues de la ville. Corley s’en va rejoindre une bonne amie qui l’attend tandis de Lenehan l’interroge sur cette dernière. Corley évoque quelques unes de ses conquêtes avant de laisser son compagnon et de s’éloigner au bras de la demoiselle. Seul Lenehan rumine et songe qu’il serait temps pour lui de poser son bagage et de s’établir enfin.

7-La pension de famille. Mrs Mooney, séparée de son époux, tient une honnête pension de famille. Mais bientôt Mr Doran tourne autour de Polly sa fille : Mrs Mooney laisse faire et ne se décide à intervenir lorsque le bruit court qu’il est déjà trop tard.

8-Un petit nuage. Thomas Chandler – surnommé le Petit Chandler – retrouve un ami qu’il a perdu de vue depuis huit ans. Gallaher est devenu important. Et riche. Ils évoquent le passé et leur vie respective en buvant un verre.

9-Correspondances. Farrington est peu appliqué dans son travail et mal vu par ses supérieurs. Panier percé, il boit son argent (et celui qu’il n’a pas en plaçant des objets en gage) avec sa bande d’amis, éclusant les bars jusqu’au milieu de la nuit. Pour rentrer ivre chez lui, transmettre la tyrannie qu’il subit le jour en battant sa femme et ses enfants.

10-Cendres. Ursule est une dame d’âge mûr, respectée et aimée de tous. A la blanchisserie où elle travaille, elle n’a pas son pareil pour désamorcer les conflits et apaiser les querelles. En cette veille de Toussaint, elle quitte son emploi et se rend à une veillée en famille. Soirée agréable, petites attentions, gâteaux pour les enfants, chansons…

11-Pénible incident. James Duffy est un solitaire à la vie routinière d’où aucune fantaisie ne déborde. Puis, un jour, il fit la connaissance de Mrs Sinico, femme mariée délaissée par son mari toujours absent. Relation intellectuelle, discussions, opéra, salon de thé. Quand madame veut prendre la main de monsieur dans la sienne, monsieur prend peur et s’enfuit. Il ne veut pas de ce genre de relation. Quatre ans plus tard, il lit le récit de la mort de madame qui avait sombré dans l’alcool. Un pénible incident dans lequel, amer, il se reconnu une réelle responsabilité.

12-On se réunira le 6 octobre. Le 6 octobre est le jour anniversaire de la mort de Charles Stewart Parnell, célèbre nationaliste irlandais. Dans la pénombre d’une pièce éclairée par le feu qui crépite dans la cheminée, des agents électoraux parlent de l’élection prochaine et de la tournée qu’ils viennent d’achever à distribuer des tracts en faveur du candidat nationaliste, l’homme qui les emploie.

13-Une mère. Mrs Kearney est une mère attentive et déterminée. Sa fille Kathleen est douée au piano et à ce titre, participe à quatre concerts donnés dans la ville. Mais les représentations se révélèrent décevantes et quand les organisateurs semblèrent réticents à payer les gages promis, Mrs Kearney monta au créneau.

14-De par la grâce. Un homme, ivre, fait une mauvaise chute dans les escaliers en sortant d’un débit de boisson. Un ami le raccompagne chez lui et travaille à le ramener dans le droit chemin.

15-Les morts. Un soir de Noël alors qu’une neige inhabituelle recouvre Dublin et toute l’Irlande. Les trois demoiselles Morkan reçoivent : buffet, bal et dîner de fête. Réception mondaine de gens bien comme il faut. Au moment du départ, une vieille chanson réveille un souvenir enfoui dans le cœur d’une femme ; un jeune homme mort depuis des années. Nostalgie et humeur devenue sombre : pensée pour ces vivants qui, un jour, vivraient leur dernière heure.
BibliOrnitho
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le 7 nov. 2012

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