Le sang de la terre

Un pavé majeur, massif et flamboyant figé dans le terreau littéraire de la fin du XIXème Siècle. Emile Zola développe sur plus de 500 pages le quotidien laborieux d'une poignée de personnages pleinement ancrés dans l'univers des mines de charbon du Nord de la France.

Opposant de manière très contrastée la classe prolétaire et la haute bourgeoisie l'auteur construit son récit naturaliste autour du personnage de Lantier, outsider désireux d'aller au chagrin puis finalement animé d'une passion révolutionnaire consistant à renverser les classes et disposer de ses bons droits d'ouvrier. Nuancé ( le protagoniste est à la fois d'une jolie grandeur d'âme mais également involontairement opportuniste, incompris par les siens et un rien impulsif ) cette figure de héros ordinaire laisse transparaître jusqu'aux dernières pages du roman l'idée d'une Histoire condamnée à se réécrire dans les mêmes schèmes et les mêmes dynamiques : c'est rêche, intelligent et d'une splendeur d'écriture peu commune.

Germinal se caractérise par son style dense mais homogène, serti de mots renvoyant au vocabulaire spécifique des mineurs. Peuplé de personnages aussi petits que les hommes cette Oeuvre-phare baigne dans une atmosphère terreuse, un rien apocalyptique, proche du pandémonium hyperréaliste. Entre la brute représentée par le secondaire Chaval, la faussement virginale Catherine, l'authentique Maheude et son mari de bonne volonté ou encore l'extrémiste et saboteur Souvarine ce roman saisit au coeur comme peu d'autres dans son épopée moribonde. Un chef d'oeuvre à travers lequel le pessimisme de Zola et sa brillance stylistique transpirent à chaque description. Un livre sublime.