Grey
3.7
Grey

livre de E. L. James (2015)

Je recherchais un intitulé pour cette critique plus sobre et tourné vers mes ressentis lors de la lecture de ce livre. Mais mes surprises, mes rires et mes désapprobations peuvent aussi être vues par le prisme de cette citation sobre, courte et presque neutre.


Oui, commençons par là. Christian Grey. Qui est cet homme étrange annoncé comme quelqu’un qui contrôle tout alors qu’en réalité il n’en est rien ? Grey, car c’est ainsi qu’il s’appelle lui-même, est ce jeune homme séduisant qui s’est cru au dessus de tout et qu’il ne faut pas toucher.


En résumé, je préfèrerais dire que c’est un vrai pervers qui communique avec « sa partie favorite de son anatomie », et qui est certainement plus dérangé mentalement que ce que le livre veut bien laisser croire. Suis-je seule à rester les sourcils froncés quand je lis les dialogues qu’il entretient avec lui-même dans les alternances phrase en italique et phrase opposée non en italique ?


Passons à Anastasia Steele, je n’ai pas grand-chose à dire sur sa personne à part le fait qu’au fur et à mesure que les pages se tournent, elle évolue et paraît moins … transparente. Oui, Anastasia est vide et sans histoire. En fait, heureusement que Grey ne la regarde pas qu’avec un regard de dominant parce que sinon elle resterait à son niveau d’objet, et garderait l’attention que l’on porte à une simple chose.


Il y a néanmoins un point très plaisant chez elle et c’est probablement ce que je préfère dans ce livre : les échanges de mails. Anastasia et Christian sont davantage palpitants dans ces conversations que pendant leurs ébats. Je me surprends à sourire devant les objets de leurs mails et j’approuve souvent la tournure que prennent ces échanges. Anastasia démontre qu’elle a une répartie, et Grey prouve qu’il sait taper sur un clavier et non sur une femme.


J’admets qu’à présent je prends en compte l’existence de la ligne « objet » dans un mail et j’en remercie E. L. James.


Pour ce qui est de la tournure de leur relation, je me suis surprise à remettre en question tout ce qui avait pu m’être dit au sujet de Cinquante nuances de Grey (livre que je n’ai pas lu et film que je n’ai pas vu). Concernant leurs rapports sexuels, il est vrai qu’il n’y en a pas vraiment beaucoup, mais ça prouve qu’il y a une vie à côté des ébats.


Ensuite, Christian m’a surprise car il n’est pas simplement un accroc au sexe, il a quand même un torrent de sentiments et ce livre est plaisant à lire car on voit le combat interne de l’homme qui oscille entre ce qu’il pense sur l’instant et ce qu’il pense sauvagement en italique : il se détourne de ses fixations antérieures et découvre qu’une femme n’est pas forcément quelqu’un qui entre dans un moule préconçu et déjà utilisé, mais au contraire qu’une femme permet autre chose que de « baiser brutalement » comme par exemple passer des moments à discuter, sortir au restaurant, voire même occuper le statut de petite amie.


Concernant Anastasia, je n’ai pas lu le livre sur son point de vue mais je n’en ai pas envie parce qu’elle ne semble pas présenter le caractère de déroutement mental comme Grey. Je préfère rester à la suivre au fil des pages, elle, jeune, étonnante mais en même temps tellement prévisible vu ce qu’elle veut de leur relation.


Je fais à présent un petit point sur la forme de l’ouvrage. L’enchainement des chapitres sous forme de calendrier est pratique pour se repérer dans le temps et cela installe et maintient une idée d’ordre que Grey semblait avoir au début. Pourtant se glissent quelques fautes de frappe et d’orthographe, c’est terrible !


La mise en page des mails et des sms est très simple et compréhensible. Je n’ai rien à dire sur la facilité manifeste à lire ce livre, mais justement c’est un peu trop facile. Facile de lire des paragraphes en encore des paragraphes car l’écriture est simple, les mots sont répétitifs, les enchaînements ne révèlent que peu de surprises. C’en est presque un reproche car cette écriture primaire m’empêche d’être surprise, de plonger en profondeur dans les pensées de l’auteure.


Et puis les surnoms, je dis non et encore non à cette flopée de « bébé », au delà d’être répétitif c’est indigeste, il faudrait varier les surnoms !


Concernant la vision que Grey a d’Anastasia, il la vénère, c’est sa déesse et cela évoque chez moi ce côté malsain des icônes que certains ont et idolâtrent. Je crois qu’on en est là dans cette histoire, et elle, initialement naïve et pleine d’espoir, elle ne peut que déchanter malgré tous les aspects plaisants qu’elle tire de leur relation. Une question rationnelle me tourmentait toute ma lecture : pourquoi reste-t-elle avec lui de plein gré ? En même temps qu’une question problématique s’offrait à moi : si j’étais moi-même à sa place, harcelée et placée si haut dans les attentes de quelqu’un, quelle serait ma réaction ?


Dans les derniers jours qui s’enchainent avant la fin, on remet dans l’ordre tout ce qu’il y a à savoir sur le passé et en particulier l’enfance de Grey, il passe de mystérieux à fascinant dans le sens humain, réel et meurtri. Et Anastasia agit enfin un peu plus raisonnablement. Merci pour la morale, sincèrement.


Le dénouement ne se passe pas dans la tour d’ivoire de Grey et me laisse sur ma faim… Je tente d’inventer une suite directe aux dernières lignes, imaginant Anastasia enfin surprenante jusqu’au bout et Christian au paroxysme de la tourmente… Non et non, je me fais trop d’illusions car me semble-t-il, ce livre est vraiment trop « fleurs et chocolat ».


Un petit mot sur ma note presque brillante à côté de la moyenne. Je n’ai pas mis plus parce que ce n’est pas un livre que je recommanderai ni relirai. Mais je n’ai pas mis moins car je m’attendais vraiment à quelque chose de pire, quelque chose sans histoire ou alors quelque chose de lassant. Voici donc une note moyenne pour un ouvrage qui aurait pu être davantage palpitant mais aussi bien plus pathétique.

NoOoëlla
5
Écrit par

Créée

le 8 sept. 2015

Critique lue 638 fois

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NoOoëlla

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