Grimalkin & l’Épouvanteur, neuvième tome des aventures de Tom Ward, marque sinon une rupture du moins un virage dans l’apprentissage du jeune épouvanteur, puisque nous n’avons presque pas affaire à lui ici. Il n’a en effet, de mémoire, qu’une seule ligne (ou deux) de dialogue(s) pendant tout le roman dans lequel il est simplement cité par d’autres personnages et ne fait qu’une brève apparition.

Pourtant, Joseph Delaney reprend bien son histoire là où il l’avait laissée, mais il choisi de suivre cette fois le personnage de la sorcière Grimalkin durant son périple pour protéger ce qu’elle a réussi à dérober au Malin à la fin du tome 8. L’histoire prend cette fois la forme d’une longue fuite éperdue racontée à la première personne par la tueuse du clan Malkin elle-même. Si ce type de narration était justifié jusqu’ici par le fait que chaque histoire construisait en fait le journal de son apprentissage tenu par Tom, Joseph Delaney ne s’encombre pas ici d’explications, Grimalkin raconte son périple, point final.

Certains lecteurs fans du jeune apprenti reprochent au mieux à Delaney d’avoir pris un risque, au pire de les avoir trahi en effaçant presque totalement Tom de cet épisode pour mettre en avant un personnage qui était jusqu’ici très ambigüe et contesté. Pourtant, si ce récit n’est pas celui qui fait le plus avancer l’intrigue, il est à ce jour le plus captivant, le plus nerveux de tous ceux écrits par l’auteur. On ne suit plus un apprenti-épouvanteur qui va de leçon en leçon et se confronte de temps à autres à l’Obscur. On passe 300 pages avec une sorcière, probalement la plus grande tueuse que la terre a un jour porté. Elle fuit une horde d’ennemis puissants et sanguinaires, accompagnées de son apprentie et d’un bien précieux qu’elle doit tenir caché. L’action succède à l’action et Grimalkin prend de l’épaisseur, dévoile une personnalité et s’avère un personnage finalement non dénué d’intérêt.

L’écriture de Delaney privilégie l’efficacité avant tout, les phrases sont courtes et très imagées. L’action est présente quasiment de la première à la dernière page et tiendra en haleine même les plus grincheux. Le suspens est souvent présent, coupant toute possibilité de fermer le livre avant d’avoir terminé l’action en cours. On sent aussi un peu plus de maturité, il semble que, comme l’a fait J.K. Rowling, Jospeh Delaney tient compte de l’âge de ses premiers lecteurs qui ne sont plus aujourd’hui de jeunes adolescents. L’univers s’assombrit, la plupart des scènes tournent à l’épouvante et l’auteur ne se gêne pas pour employer un vocabulaire toujours plus explicite dans l’horreur.

Même s’il n’est pas le meilleur volume de la série, celui-ci permet d’aborder un autre aspect de la saga et marque probablement une transition dans l’histoire avant une fin dont l’auteur nous annonce qu’elle s’approche peu à peu, on sent que ce qu’il a privilégie c’est avant tout le plaisir. On sent que le final risque d’être magnifique et probablement difficile à vivre pour certains personnages, s’il doit en tout cas être dans la continuité de ce tome 9, cela promet quelques mémorables nuits blanches.
Jambalaya
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le 1 avr. 2013

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