Ayant vaguement entendu parler de ce roman sur Internet, j'ai finalement eu envie de le lire et je l'ai acheté en librairie.
Bilan : avis très mitigé.
Laurent Obertone est d'abord journaliste avant d'être écrivain, et ça se sent. Son style est direct, précis, fluide, limpide. Il va à l'essentiel sans partir dans de grandes envolées ampoulées. C'est facile à lire, mais d'un autre côté, on ressent vite les limites d'un tel style. On a plus l'impression de lire un compte-rendu journalistique des événements plutôt qu'une fiction. C'est mal écrit à certains moments.
Les personnages sont nombreux et rapidement décrits. Ils sont très caricaturaux, ce qui n'aide pas à les prendre en sympathie et à s'attacher à eux. De plus, leurs actions et leur sort sont très prévisibles. Dès qu'ils entrent en scène, on devine peu ou prou ce qu'il va advenir d'eux. L'intrigue ne réserve guère de surprise à ce niveau. On reconnaît d'ailleurs, sous des pseudonymes plus ou moins fantaisistes, des personnalités contemporaines facilement identifiables.
Tout le monde ou presque en prend pour son grade : les hommes et femmes politiques, l'extrême gauche (dont les militants sont d'ailleurs tournés en ridicule absolu par l'auteur), l'extrême droite, les voyous de banlieue, les marginaux, les "honnêtes gens", les jeunes, les plus âgés, les "français de souche", les immigrés, la population en général. C'est dur à prendre au sérieux vu le degré de caricature : les arabes et les noirs sont forcément agressifs, violents, vulgaires, méchants, cruels, les "gauchistes" sont bêtes et naïfs, les identitaires sont impuissants à résister au pouvoir en place, les élites sont soit naïves et idéalistes, soit corrompues, mais toujours à côté de la plaque... Même si l'auteur s'efforce de toujours conserver une froide objectivité, on devine parfois de quel côté il se situe.
Le souci, c'est qu'il n'en fait pas des tonnes, non : il en fait des gigatonnes. Il va parfois tellement loin qu'il en perd toute crédibilité en s'aventurant aux limites du grand-guignolesque. Certaines scènes font presque rire.
La mort du président, tabassé par les voyous de la cité, c'est vraiment invraisemblable. Tout comme l'enchaînement d'événements finaux.
A la fin, on ne peut cependant s'empêcher de se demander, en fermant le livre, à quel point tout ceci pourrait être plausible. Certes, il est fortement impossible que ce genre de chose se réalise dans un an, voire dans dix, quinze ou vingt. Mais sur le plus long terme ? Vers 2060/70/80 ? Certains éléments actuels laissent à craindre que ce genre de scénario, même si extrêmement pessimiste et amplifié à son paroxysme, pourrait avoir lieu à cette période.
Le livre s'adresse à un certain public : la communauté de droite et d'extrême droite qui s'exprime sur Internet (la fameuse "fachosphère"). Elle y reconnaîtra ses codes et y verra une confirmation de ses craintes et de ses idées. Pour les autres, ceux qui ne sont pas adeptes de fdesouche, riposte laïque et autres égalité et réconciliation, c'est juste un récit-catastrophe plutôt banal, qui se lit en quelques jours. Et qui ne deviendra certainement pas un classique du genre.