Guerre et Paix
8.2
Guerre et Paix

livre de Léon Tolstoï (1867)

D'accord, Guerre et Paix est un classique parmi les classiques, mais...


Pour Lambertine, un "classique" est un bouquin dont tout le monde connaît l'histoire, même ceux qui ne l'ont pas lu. Un bouquin dont les personnages font partie de notre "imaginaire collectif". Tels sont "Les Trois Mousquetaires" et d'Artagnan, "Les Misérables" et Jean Valjean, "Le Père Goriot" et Rastignac, "Le Cid", ou "Hamlet".


Tel est le Guerre et Paix de Léon Tolstoï. Qui ne connaît Natacha, le Prince André et leurs amours contrariées sur fond de guerres napoléoniennes ? Même si rares sont ceux qui l'ont lu (c'est long, quand même...).


Tout le monde connaît Guerre et Paix. Alors qu'en dire ? Des tas de choses. Je citerai l'idéalisme de Pierre et sa condition de bâtard légitimé et binoclard mal dans sa peau. J'adore Pierre. Autant que je déteste le prince Nicolas Bolkonski (sur mon podium des pires pères littéraires, avec Dénéthor et Don Diègue, le père du Cid).


Ce qui m'a frappée à la (re)lecture de Guerre et Paix, ce classique parmi les classiques de la littérature mondiale, c'est son côté infiniment russe. Exotique. Bien plus, pour moi, que le Seigneur des Anneaux ou autres Princes d'Ambre. Exotique par les noms des personnages multiples. Exotique par leur façon de réagir. Exotique, surtout, par le point de vue de l'auteur sur les guerres napoléoniennes.


Je ne suis pas Française. Mais, comme la plupart d'entre vous, je suis de culture française. Ma vision de l'Histoire en général, et des multiples conflits qui ont déchiré le monde, celle que l'on m'a enseignée, celle que j'ai rencontrée au fil de mes lectures, est celle de la France. "Nous", ce sont d'habitude les Français et assimilés. Et, chez Tolstoï, et, dans Guerre et Paix, "nous", ce sont ceux d'en face. "Nous", ce sont les Russes. Ce qui est normal. Tostoï est Russe, comme le sont Pierre, le prince André, Nicolas et les autres. C'est normal, et c'est déroutant. Les conquérants sont des envahisseurs. Les ennemis sont ceux pour qui nous avons vibré. Les héros portent des noms qui nous sont inconnus.


C'est normal et c'est déroutant. Et c'est absurde. Ce qui est absurde, c'est que ce soit déroutant. C'est que mon esprit soit formaté à voir l'Histoire, à voir la guerre "de notre bord". Cette guerre-là, comme toutes les guerres. Nous sommes nous, les autres sont l'Ennemi. Et l'Ennemi voit en nous l'Ennemi. Et l'Ennemi est humain comme nous. Aime comme nous. Souffre comme nous. A peur comme nous.


Et peut être fanatique, tout comme nous.


Lieux communs. Peut-être. Sans doute. A coup sûr. Mais pas si évident à intégrer que ça. Suffit de lire la "une" des journaux. Et plus encore, les commentaires de nos contemporains, lorsqu'ils parlent de l' "Ennemi".

lambertine
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les livres les plus souvent relus, Top 10 Livres, Les meilleurs romans historiques, Les meilleurs classiques de la littérature et Livres : Pères et Fils

Créée

le 31 mars 2018

Critique lue 565 fois

7 j'aime

4 commentaires

lambertine

Écrit par

Critique lue 565 fois

7
4

D'autres avis sur Guerre et Paix

Guerre et Paix
JZD
10

L'histoire avec des milliers de petits "h".

Oeuvre magistrale, monumentale. Après la critique de Moby Dick, le roman encyclopédie, on s'attaque cette fois au roman historique dans son sens le plus pur. D'un côté il y a le roman. On suit la...

le 23 févr. 2011

50 j'aime

4

Guerre et Paix
SanFelice
10

"Comment donc peuvent-il penser à autre chose qu'à la mort ?"

Bien souvent, accepter une œuvre parmi les « classiques » revient à faire oublier comment cette œuvre, justement, n’était absolument pas classique, mais que bien au contraire elle ne correspondait à...

le 21 déc. 2019

30 j'aime

8

Guerre et Paix
MonsieurBain
9

Le monument de Pierre

J’ai récemment eu l’occasion de survoler un article quant à la mélancolie (si ce n’est même la tristesse) qu’éprouvent certaines personnes en terminant un livre. D’après mes souvenirs, ce ne fut qu’à...

le 22 août 2018

19 j'aime

28

Du même critique

Autant en emporte le vent
lambertine
8

Un jour, Tara...

Mettons les choses au point : oui, l'esclavage est une ignominie. Et, oui, la façon de Scarlett O'Hara (et de Margaret Mitchell, et de ceux, nombreux, qui ont permis à ce film d'exister) de...

le 26 mai 2018

18 j'aime

7

Salammbô
lambertine
10

GRR Martin est un petit joueur

"C'était à Mégara...". Sans doute l'une des premières phrases de roman les plus connues de la littérature française. C'était à Mégara, donc. Dans les faubourgs de Carthage. Là vivait Salammbô...

le 27 janv. 2019

17 j'aime

7

Titanic
lambertine
9

Mes hommages, Madame Strauss.

Je l'avoue : chaque fois que je revois ce film, il me prend aux tripes. Je n'y peux rien, c'est comme ça, d'où ma note. Objectivement, je devrais lui mettre 6 ou 7. Subjectivement, ce serait...

le 25 juil. 2018

17 j'aime

2