Ah, la fameuse frustration suscitée par l'épilogue du tome sept ! Nos héros presque quadragénaires et leurs marmots survoltés apparaissaient déjà comme du terreau fertile aux fan-fictions et aux théories plus fallacieuses les unes que les autres.
Six ans après ce dernier opus sort Harry Potter et l'Enfant Maudit, qui est la suite directe du départ de Albus Severus vers Poudlard. Il s'agit par ailleurs du héros principal, ce qui suscite un certain trouble quant à l'intitulé du titre... ( Volonté de vendre davantage avec un "Harry Potter et..." ? Ou juste semer le trouble quant à l'intrigue de la pièce ? )
Le format pièce de théâtre ne m'a guère déplu ; la lecture s'avère fluide - je l'ai terminé en deux heures - puis a un aspect intéressant, dans le sens où les personnages existent davantage par leurs mots que par leurs actions, ce qui les rend plus faillibles ! Ou plus aimables, comme le personnage de Drago qui s'avère... Humain, en fait. Prêt à tout pour protéger son fils, dont la rumeur considère comme le fils de Voldemort.
Ce qui m'a touché dès la première partie de l'ouvrage, c'est la remise en cause de tout manichéisme. Harry se fait mener le bout du nez par Ginny, Hermione est accaparée par le travail, Ron marche toujours dans l'ombre, n'est que le blagueur de service... Nos héros n'ont plus rien d’héroïque. Leur existence s'avère cloisonnée par le poids des responsabilités. Cet ouvrage détruit un peu le mythe... Et tant mieux ! J.K Rowling n'oublie pas que son public a grandi, et est d'autant plus sensible à ces soucis existentiels.
Par contre, je trouve le portrait des enfants moins bien réalisé, dans le sens où James et Lily s'avèrent presque absents de l'ouvrage. Puis Rose apparaît comme une copie de Hermione dans le premier tome, un peu hautaine et je-sais-tout. Par contre, Scorpius, le fils de Drago, déborde d'authenticité et de candeur, opposé à Albus Severus, rongé par la présence pesante de son père.
En fait, Albus ressemble beaucoup à son père, par son côté tête brûlé et égocentrique, qui suscite parfois une certaine exaspération. ( cf les tomes 5-6 )
L'intrigue est bien menée, notamment par rapport au titre. Je m'explique, pendant une grande partie de l'ouvrage, il est mention de Scorpius considéré comme étant le fils de Voldemort et donc, ayant le statut "d'enfant maudit". Mais on y croit pas, devant les efforts de Drago de blanchir son image et la détresse de sa femme. En fait, pour moi, l'enfant maudit était Albus Severus. Il atterrit à Serpentard, apparaît dans les cauchemars d'Harry et est entouré d'une sombre brume dans les prédictions de Bane. Or, c'était un piège... L'enfant maudit est... un personnage random sans trop de charisme ! Paf.
Lire cet ouvrage, me replonger dans l'univers d'Harry Potter - qui ne m'a pas vraiment quitté depuis maintenant dix ans - m'a suscité une joie qui rend mon avis peu objectif, néanmoins, je me dois de surligner certains défauts de l'ouvrage !
Tout d'abord, le côté fan fiction. Oui. J'en ai peu lu, pourtant, j'ai l'impression que JK s'est beaucoup inspirée des théories qui pullulent sur internet : une relation entre Voldy et Bellatrix, le retourneur de temps comme solution ultime... Ou peut-être suis-je paranoïaque, mais à la fin de l'ouvrage, quand Hermione demande à Ron de cesser de la protéger de Drago, j'y ai vu un certain clin d'oeil aux amateurs du célèbre Dramione.
Certains reprochent que ce livre aurait pu être écrit par n'importe quel ado, que le style de J.K Rowling est inexistant... Que nenni ! Je l'ai bien retrouvé, avec ses petites touches d'humour lorsqu'elle évoque Verpey ou Ron. Bien-sûr, ce livre est dénué de ses descriptions fleuries et manque parfois de précision, mais c'est normal ! Il s'agit d'une pièce de théâtre, laissant notre imagination virevolter à son gré.
Ensuite, le polynectar fait en deux-trois secondes, bon, on n'y croit pas trop ! Autant prétendre qu'ils en ont piqué dans le réserve du professeur des potions, cela aurait été plus crédible !
Puis le pathos dans cet ouvrage... Les leçons de Harry, McGonagal... Même Dumbledore du haut de son portrait s'y met. Trop de moralisme, de scènes d'émotions qui ne m'effleurent pas. En choisissant d'écrire une pièce de théâtre plutôt qu'un roman et de remettre en question l'héroisme d'Harry, Ron et Hermione, on aurait pensé que l'oeuvre garderait une tonalité moins enfantine dans les dialogues. Nada. Bon, je ne vais pas mentir, j'ai été sensible à certains instants, comme lorsque Drago avoue avoir été jaloux de l'amitié qui lie Harry, Ron et Hermione ou encore quand on apprend que Ginny, après avoir été possédée par Jedusor, a subi une longue solitude, mais trop de pathos tue le pathos !
Cette pièce de théâtre est un voyage agréable, où on retrouve des personnages familiers qui nous ont parfois manqué. En fait, cette lecture fut un réel plaisir, si cela ne tenait qu'à moi, je mettrais un bon huit, mais avec le recul, il faut constater que le livre comporte des failles qui poussent à se demander si c'était une si bonne idée de rédiger une suite.