Haute fidélité
7.4
Haute fidélité

livre de Nick Hornby (1995)

J'avais écrit une première critique qui a été totalement effacée sans que je comprenne pourquoi. Signe du destin? Va pour le signe du destin, c'est rigolo et ça mange pas de pain (que je sache).

Je change donc de ton, et de critique plutôt sérieuse je passe à rigolote ( et de toute façon vous saurez jamais si je dis la vérité puisque vous verrez jamais la première version.)

Hornby dresse le portrait de Rob Fleming, 35 ans bien tassés, disquaire de son métier et procrastinateur professionnel.
Rob vient de se faire larguer une énième fois et il aimerait bien faire celui que ça n'affecte pas, que ça n'affecte plus ce genre de conneries, il a passé l'âge. Il est en droit de jouer les blasés pessimistes ascendant losers mal lunés et il entend bien le revendiquer. Laura, quoi qu'elle en dise, c'est de la gnognotte, elle a inventé ni l'eau chaude, ni la rupture, et n'a bien sûr aucun pouvoir sur lui, rodé aux abandons de ses conquêtes comme d'autres à la course à pied.

Que tu crois. Bien sûr qu'il est affecté le Rob, et même plus que jamais, et même tellement que juste en laissant Laura passer la porte de chez lui il déclenche une réflexion sur la vie, sa vie, qu'il cache sous des airs de on-ne-me-l-a-fait-pas-à-moi.
C'est quoi être amoureux? C'est quoi, un couple réussi? Une vie réussie? Qu'est-ce qui compte réellement, au fond, dans la vie justement? Pourquoi ne parvient-il pas à s'attacher, pourquoi fuit-il responsabilités, sentiments, engagements? Pourquoi ce mépris des autres qu'il pense avoir? Est-il seulement réellement méprisant où est-ce une posture qu'il se donne?

Le personnage est attachant, avec ses grognements d'ourson en peine et sa tendance à se demander ce que Bruce Springsteen écrirait de chacune de ses conquêtes. Pas besoin d'être un homme pour s'y reconnaitre parfois, que ce soit concernant cet attachement porté aux goûts musicaux ou culturels des uns et des autres ( n'est-ce pas, cher Sens Critiqueur), ou cette peur du temps qui passe que Rob soigne en se construisant un monde ou rien ne bouge.

Et ça fait penser à des gens qu'on aime aussi.
Celui qui aimerait bien que la vie soit un concert perpétuel sans avoir besoin de rentrer dans la vie d'adulte, c'est vrai quoi à la fin, c'est nul les adultes, ça snobbe tout le monde et ça parle de noms de chiens, ça s'inquiète et ça pense à gagner de l'argent, ça s'éclate à des fêtes pourries que même ta grand-mère elle irait pas.
Celui (ou celle en l'occurrence) qui préfère "sauter de rocher en rocher" plutôt que de s'accrocher à un rocher comme le ferait une étoile de mer, surement de peur de trop souffrir, surement parce que l'excitation des débuts lui plait trop.
Celui qui utilise l'humour comme signature, comme système de défense ou arme de séduction, qui joue les mecs solides mais qui cache un fond sensible et romantique qu'on peut avoir la chance de percer à jour pour peu qu'on sache s'y prendre...

Loin du genre de romans que je lis habituellement, je l'ai trouvé tendre, sobre, écrit avec humour et doigté, touchant.

Toi aussi, Sens Critiqueur, et Sens Critiqueuse, vient reconnaitre ton reflet, ton frangin, ton mec, ton patron, ton voisin, ton pharmacien, que sais-je!
EIA
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le 14 févr. 2014

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EIA

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