Écrit en groenlandais puis en danois par l'auteur.
Traduit du danois par Inès Jorgensen, validation linguistique à partir du texte groenlandais par Jean-Michel Huctin.


Portrait de la jeunesse groenlandaise. Personnages que l'on découvre chez eux ou à une fête. Récits construits en parties : à chacune son narrateur. Monologues intérieurs puissants. Des histoires d'amour qui se terminent, à décrire avec une violente justesse la mort des sentiments, l'ennui, la colère, le dégoût de l'amour de l'autre. Des histoires d'amour qui naissent, une rencontre à une soirée, une fille magnifique, le "courant passe", l’électricité palpable à chaque mot. Le besoin de fête, d'alcool, de bruits, de mouvements, pour oublier que ce pays est une prison, cloisonne, n'offre pas de perspective, tourne en rond.
La sexualité, le questionnement du genre, fait avec naturel, évidence, mais sans fermer les yeux sur le rejet, parfois, des parents, d'une famille qui nous ferme la porte, et une autre qu'on se crée, avec qui on est soi.


Nivaq Korneliussen délivre un roman coup de poing, direct et uppercut. Pas de fioritures, le lecteur est propulsé au cœur des émotions à vif des personnages, de leurs colères, de leurs passions, de leurs questionnements. Elle les fait vivre avec densité, complexité. Ils sont vrais.
L'écriture de Korneliussen s'adapte au personnage narrateur, tantôt sèche, dure, à transpirer la colère et la frustration, tantôt longue, fluide, à se coucher sur un lit de mélancolie ravagée et ravageuse.
Mais jamais apaisée.
Parsemée de mots anglais, de références musicales, d'emails, de textos, Korneliussen donne à lire un récit qui colle à son époque et à ses personnages. On passe d'une langue à l'autre, d'une forme d'expression à l'autre, on est submergé de mots et on cherche à s'en sortir pour passer à l'acte.


A lire.
Il emporte, il remue, il frappe.

Queenie
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 13 févr. 2019

Critique lue 667 fois

3 j'aime

Queenie

Écrit par

Critique lue 667 fois

3

D'autres avis sur Homo sapienne

Homo sapienne
MonsieurScalp
6

Entre les rues de Nuuk de nos jours

Loin des récits habituels dont on fait provenir du Groenland à nos yeux de lecteurs occidentaux, Homo Sapienne décrit une autre réalité dans une contrée polaire urbaine, la ville de Nuuk, en des...

le 10 sept. 2022

2 j'aime

3

Homo sapienne
Jordan__
5

Critique de Homo sapienne par Jordan__

‪Un roman choral à la forme originale, ultra actuel et criant de vérités. 5 récits queer qui mettent en avant des persos qui se cherchent, se questionnent et partent en quête d’eux-mêmes. Des pièces...

le 15 août 2020

1 j'aime

Homo sapienne
LouKnox
10

Critique de Homo sapienne par Lou Knox

Oh what a day, what a lovely day. [Enough with that postcolonial piece of shit]. Être amoureux.se au Groenland en cinq vies, la baise qui fait mal quand elle devrait faire du bien. La lecture qui...

le 4 juin 2020

1 j'aime

Du même critique

Perfect Mothers
Queenie
9

Paradis Perdu.

Deux amies d'enfance, très proches l'une de l'autre. Deux mères de deux superbes jeunes hommes. Un petit coin paradisiaque d'Australie. Les choses basculent (mais pas tant que ça) lorsque chacune des...

le 5 avr. 2013

35 j'aime

2

Le Maître des illusions
Queenie
9

La neige fondait dans la montagne...

Ça démarre vraiment très bien avec l'histoire de ce petit groupe de jeunes étudiants dans une fac un peu huppée. Des étudiants à part, qui prennent des cours de grec ancien avec un prof mystérieux...

le 12 juil. 2012

35 j'aime

Vernon Subutex, tome 1
Queenie
9

Lendemain de fête.

Vernon, cet ancien disquaire, après avoir vivoté un temps du chômage et de l'aide de son ami chanteur célèbre, se retrouve rapidement à la rue lorsque l'argent ne rentre plus. Il va alors sillonner...

le 30 janv. 2015

25 j'aime