Ce tome adopte une structure différente de ses prédécesseurs. En effet, dans son premier quart, nous suivons le point de vue d'un seul personnage : Karsa Orlong, membre du clan d'un ancien peuple, et qui apparaît déjà dans le tome 2. Il s'agit d'un "préquelle", racontant donc ses origines, et comment il est parvenu à la place qu'il a dans ce deuxième livre. Je dois avouer que je n'ai pas su sur quel pied danser avec ce protagoniste. Il faut dire qu'au-delà de sa "badassitude", il est loin d'être un ange, puisqu'une de ses premières actions consiste à massacrer un village et violer ses habitantes avec ses camarades. Ce n'est qu'au fur et à mesure de l'histoire qu'il s'améliorera, quoique Steven Erikson aime dépeindre des personnages "gris" : les "gentils" peuvent se trahir tandis que les "méchants" peuvent surprendre positivement. Ceci dit, suivre un seul point de vue durant deux cinquante pages offrait une nouvelle perspective dans la saga avant que l'on retourne dans cette "zone de confort".


Cette zone de confort étant le format classique de Malazan, à savoir suivre un groupe de personnages divisés en plusieurs sous-groupes, parfois d'affiliation différente. Ce tome se centre sur l'affrontement entre deux sœurs, et la particularité est que chacune d'elles et à la tête d'une armée. Quand j'évoquais les sous-groupes, je pense qu'ils peuvent être résumés ainsi : nous avons les "suiveurs" de la cadette, les "suiveurs" de l'aînée, et les autres. Bien que cette dernière catégorie soit d'apparence "indépendante", ils seront liés de près ou de loin à ce conflit.


Ce tome était de très haute volée. Ayant vraiment adoré le tome 3, notamment car j'étais plus attaché aux personnages, celui-ci m'a d'abord laissé perplexe. Seulement après le premier quart les autres personnages sont réintroduits : redéfinir les enjeux prend un certain temps donc l'histoire prend beaucoup plus de temps à démarrer même si ce tome est plus court que le troisième (même s'il compte quand même mille pages). Au-delà de ces longueurs, l'histoire brasse des thématiques nouvelles, certaines pouvant être particulièrement dures à lire (des personnages, peu importe leur race, sont capable de commettre de grandes atrocités). Ici on se centre davantage sur l'évolution du monde et l'impact des personnages que sur les batailles épiques, en revanche tant la magie que les divinités continuent d'avoir un impact conséquent sur l'histoire, et la manière dont c'est amené me ravit !


Après un rythme "fleuve" sur les deux tiers du récit, la fin de l'histoire s'enchaîne à un rythme beaucoup plus effréné, multipliant les rebondissements. C'est toujours satisfaisant de voir les intrigues se conclure d'une manière à la fois logique et imprévisible, tout en voyant les autres se préparer. Des touches tragiques et "poétiques" ponctuent la conclusion grâce à la plume toujours aussi lyrique de son auteur. Il ne déçoit jamais, si bien que Malazan se classe aisément parmi mes sagas fantasy favorites !


Pour la touche tragique, je pense surtout à l'obsession de Sha'ik/Felisin pour sa sœur Tavore. Sa déesse finit par l'abandonner et, incompétente au combat, Tavore la tue sans savoir que c'est elle. Lostara Yil et Pearl, qui l'ont cherchée tout le tome, ne peuvent la sauver, tandis que Tavore a vraiment voulu la sauver...

Saidor
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le 24 mai 2020

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