Premier constat : le style d'écriture n'est pas extraordinaire, mais ça se lit.

Et vu qu'on est dans de la littérature pour ados, le vocabulaire et la syntaxe sont assez simples, donc pas de difficultés pour comprendre.

L'histoire de base est bonne, les personnages sont attachants, mais les descriptions des lieux et des événements sont souvent trop succinctes, rien de très recherché, les évènements se succèdent parfois de façon très saccadée, on reste régulièrement sur sa faim (comme les tributs dans l'arène en quelque sorte). Ca manque d'ampleur, et du coup on n'est que moyennement happé dans un univers, il n'y a pas (ou peu) de sensation de plonger dans quelque chose, juste un survol - souvent assez agréable, mais jamais approfondi.

Du coup, ce que je reprochais au film est imputable en grande partie au livre : on voit tout par les yeux de katniss, avec les déformations que ça entraine, et le manque de vue d'ensemble qui donne l'impression d'être face à une montagne mais de ne s'intéresser qu'aux fourmis. On est bien loin d'un 1984 par exemple, et par moments on sent que le sujet n'est pas tout à fait maitrisé, comme si notre héroïne n'était pas totalement conditionnée par l'organisation étatique alors qu'on nous dit que les premiers hunger games étaient il y a plus de 75 ans: elle est née et ses parents aussi sous le régime en cours, du coup on peut imaginer que certains comportements, même s'ils nous paraissent absurdes ne devaient pas choquer les personnes qui subissent les mêmes conditions depuis des lustres.

C'est un peu bancal de ce côté et c'est bien dommage.

Ce qui est par contre bien amené, c'est la force de l'image, des médias, de l'imaginaire collectif: on nous explique qu'il est important de jouer sur l'affectif des spectateurs, et à la fin du tome on se dit qu'en tant que lecteur on a aussi un rôle de spectateur, qu'on aimerait que nos personnages réagissent de certaines façon, on est déçu quand ça ne se passe pas comme ça, exactement comme ce que dénonce le livre.

C'est là que le point de vue du livre tire son épingle du jeu par rapport à un Battle royale, en fait on est plus à mi-chemin entre 1984, The Truman show et Battle royale, le tout adoucit d'un saupoudrage de bons sentiments...


On sent le potentiel de l'univers, ce qui aurait pu être fait par un autre auteur, s'adressant à un public plus mature, en prenant peut être 3 fois plus de temps pour raconter la même chose, mais avec plus de maitrise il y a un bon matériau de base.


Le livre a l'intérêt de faire travailler notre imagination : on doit deviner ce qui n'est pas expliqué, imaginer le fonctionnement entier du monde des districts et du capitole à partir des quelques miettes qu'on nous jette.


Ça se lit vite, c'est plaisant, on en redemande même si on sait pertinemment que ce n'est pas de la grande littérature!

iori
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le 12 avr. 2012

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