"Le désir qui est une des formes de l’enfer"

Je ne dirai pas que « Il faut beaucoup aimer les hommes » est le récit d’une histoire d’amour. Pour moi, c’est une histoire d’obsession.

Marie Darrieussecq, que ce livre m’a fait découvrir, nous décrit avec une poésie poussée à l’extrême comment Solange, actrice française installée à Hollywood, va nouer une liaison avec Kouhouesso, acteur camerounais qui rêve de tourner en Afrique une adaptation de « Cœur des ténèbres », roman sur le Congo de Léopold II. Mais « Il faut beaucoup aimer les hommes » raconte moins l’amour qui se forme entre les deux personnages que leur histoire qui se dénoue petit à petit. Une histoire racontée du point de vue de Solange, et qui met le lecteur souvent mal à l’aise par son côté obsessionnel et intoxicant. Plus son amant lui échappe, prenant de la distance au fur et à mesure que son projet cinématographique avance et l’accapare, plus Solange devient obnubilée par cette passion malsaine qui va la mener de Los Angeles à l’Afrique en passant par Paris.

Détail qui m’a été présenté comme primordial quand on m’a parlé pour la première fois de ce livre : Solange est blanche, Kouhouesso est noir. Personnellement, si on ne peut nier que l’amour mixte est un des axes du livre, ce détail ne m’a pas paru central dans l’histoire. A mon sens, l’essence du livre n’est pas de raconter une histoire d’amour entre une femme blanche et un homme noir, mais de raconter l’attente et la passion d’une femme confrontée à un homme évasif qui a une conception différente de l’amour, mais qui se complait malgré tout dans cette liaison qui l’empoisonne peu à peu.

Ce livre a été l’une de mes meilleures découvertes de ces 3 derniers mois. La finesse de l’écriture de l’auteur est impressionnante, et fais oublier le côté parfois antipathique, voire pathétique, de son personnage principal dont, il faut l’avouer, on a bien envie parfois de lui mettre quelques baffes pour qu’elle se reprenne en main. Une des meilleures descriptions que j’ai pu lire de la passion dans ce qu’elle peut être d’attente et d’écorchures du quotidien.
Frán
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le 15 sept. 2013

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