Inferno
6.7
Inferno

livre de Dan Brown ()

Pour les adeptes de Dante et de Dan Brown...

J’ai pris l’habitude d’être un lecteur régulier de Dan Brown. Le plaisir que j’avais pris à découvrir Da Vinci Code fait que je m’offre chacune de ses nouvelles parutions. La dernière date du vingt-trois mai dernier. Edité chez JC Lattès, il s’intitule Inferno. Il se compose de plus de cinq cent cinquante pages et son prix avoisine vingt-deux euros. La couverture nous présente un portrait de Dante Alighieri, auteur de La Divine Comédie dont Inferno est la première partie. Ce roman est une nouvelle aventure du spécialiste en symbologie, Robert Langdon. Je supposais donc que j’allais être immergé dans une course au trésor aux multiples énigmes.

La quatrième de couverture propose la mise en bouche suivante : « Robert Langdon, professeur de symbologie à Harvard, se réveille en pleine nuit à l’hôpital. Désorienté, blessé à la tête, il n’a aucun souvenir des dernières trente-six heures. Pourquoi se retrouve-t-il à Florence ? D’où vient cet objet macabre que les médecins ont découvert dans ses affaires ? Quand son monde vire brutalement au cauchemar, Langdon va s’enfuir avec une jeune femme, Sienna Brooks. Rapidement, Langdon comprend qu’il est en possession d’un message codé créé par un éminent scientifique – un génie qui a voué sa vie à éviter la fin du monde, une obsession qui n’a d’égale que sa passion pour l’une des œuvres de Dante Alighieri : le grand poème épique Inferno. Pris dans une course contre la montre, Langdon et Sienna remontent le temps à travers un dédale de lieux mythiques, explorant passages dérobés et secrets anciens, pour retrouver l’ultime création du scientifique – véritable bombe à retardement – dont personne ne sait si elle va améliorer la vie sur terre ou la détruire. »

Le squelette de l’histoire est classique et prévisible. Dan Brown construit tous ses romans de la même manière. Ce n’est pas une critique mais un constat. Le lecteur suit les pérégrinations de Robert Langdon dans une course contre la montre. Ses aventures sont construites autour d’une succession d’énigmes et d’indices que lui seul arrive à déchiffrer par ses connaissances en symbologie. Il s’avère donc que bien souvent l’intrigue mêle science, religion et ésotérisme. Je vous avoue que je suis assez fan de ces thématiques. C’est pourquoi, je prends toujours plaisir à me plonger dans ce type d’ouvrage qui a toujours aisément chatouillé ma curiosité.

En plaçant Langdon à Florence, l’auteur choisit un décor au patrimoine historique dense. J’appréhendais une redondance avec Anges et démons qui se déroulait à Rome. En construisant son intrigue autour de Dante et de la Divine Comédie, Dan Brown utilise un support classique du genre. Comme il l’a fait pour le Graal, les francs-maçons ou encore le Vatican, il prend plaisir à réinterpréter des mythologies entourées de fantasmes et de mystères. Son interprétation de l’œuvre de l’écrivain italien est intéressante. Il ne s’agit que d’un gadget scénaristique. Elle est centrale dans le propos du roman. C’est une bonne chose.

De plus, l’histoire exploite le transhumanisme. Wikipédia le définit avec les mots suivants : « mouvement culturel et intellectuel international prônant l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains ». Un tel phénomène ne peut laisser personne indifférent. Il est aisé de deviner les terribles implications que peut générer une telle philosophie. Le parallèle avec l’œuvre de Dante est plutôt bien construit même si certains cheminements sont un petit peu tirés par les cheveux. En tout cas, Brown fait un choix judicieux en liant la course contre la montre de son héros avec un tel domaine. Les enjeux s’avèrent ainsi plus que majeurs.

La narration est souvent assez universitaire et magistrale. En effet, les personnages ne peuvent pas traverser un lieu ou croiser une statue sans que l’auteur n’en fasse une présentation détaillée. Le travail de documentation est évident mais l’effet est assez négatif. Je me suis senti étouffé et noyé par la quantité importante de descriptions. Cet excès a eu tendance à me sortir de l’histoire. De plus, cela rallonge fortement la lecture au détriment de l’intensité du propos. Je vous avoue que les trois cents premières pages sont parfois longues à découvrir tant la traversée de Florence est laborieuse sur ce plan. Je pense que l’intrigue aurait gagné en attrait si Dan Brown s’était contenté d’axer ses descriptions sur les éléments importants de la trame. Les digressions sont mal à propos. J’avais déjà ressenti ce défaut en lisant Le Symbole perdu. C’est ici encore plus marquant.

La place offerte à la dimension architecturale laisse finalement peu de place aux personnages. Je trouve cela dommage. En effet, le fait qu’un couple de personnes qui ne se connaissent pas se voit projeter dans une fuite en avant pleine de dangers devrait être davantage exploité à mes yeux. Le personnage de Robert Langdon évolue assez peu par rapport à ses aventures précédentes. Il est dommage qu’un héros récurrent depuis quatre romans subisse si peu de changements. Les épreuves qu’il a déjà vécues auraient dû l’affecter davantage. Le lecteur devrait ressentir le poids de ses épreuves passées. Ce n’est pas le cas. J’ai le sentiment que cette aventure aurait pu être vécue par un nouveau héros sans que l’intrigue ne perde un seul gramme d’intérêt. De plus, sa relation avec Sienna est sans réelle surprise. Elle se rapproche également de ses pérégrinations précédentes qui l’associaient souvent à une jolie jeune femme.

Pour conclure, Inferno est le roman de Dan Brown m’ayant le moins transporté. Il traine trop en longueur. Sa narration est trop diluée et se perd en digressions rendant le propos confus et brouillon. C’est dommage dans le sens où les ingrédients et la thématique sont intéressantes et plutôt bien exploités. Je le conseille donc aux adeptes de l’auteur qui y trouveront des mécanismes familiers. Quant à ceux qui souhaitent partir à la rencontre de l’univers de l’auteur, je conseille davantage Da Vinci Code ou Deception Point que je trouve bien meilleurs.
Eric17
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le 30 oct. 2013

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Eric17

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