Boulala... C'est pas souvent qu'un livre finit par me sortir par les yeux tellement c'est la boucherie...
ça avait été le cas avec Waterloo de B. Cornwell (dont j'adore les romans), mais qui, dans cet essai historique, avait décrit les massacres de ces guerres dans toute leur horreur. J'aime bien les guerres et les héros dans les livres imaginaires. Dans la réalité, ça a plutôt tendance à me rendre malade...


Au début, tout va bien, en fait. Certes Ivan le Terrible a quelques traits communs avec la plupart des psychopathes (il torture des animaux, enfant, demande des exécutions sommaires qu'il obtient (à 13 ans), youpi), ensuite son mariage avec Anastasia à 17 ans ("sa petite génisse", tu parles d'un petit nom d'amour...) l'assagit (un peu).
Mais après sa première maladie, dont il réchappe, l'horreur commence, pour ne plus du tout s'arrêter, atteignant un sommet avec ses Opritchiniks.
Sa paranoïa se réveille, et il va faire assassiner à tour de bras (ou pardonner sans qu'on sache pourquoi, d'ailleurs) ses proches, ses héros de guerre, ses aides et conseillers. En fait il combine la psychopathie et la paranoïa avec des phases "bipolaires", comme on dit maintenant, et avec une intelligence et une bigoterie hors du commun. Un mélange redoutable...


Je sais par expérience que la paranoïa ne sort pas du chapeau, et qu'un enfant qui grandit dans une atmosphère délétère et destructrice a toutes les raisons de "se croire menacé", et donnera un adulte parano. Forcément.
Qu'a-t-il vécu dans son enfance d'orphelin pour en arriver à ce stade de délabrement psychique ? Il a apparemment été traité comme un chien, et sans doute pire... Dommage qu'Alice Miller ne se soit pas penché sur son cas, j'aurais aimé avoir son avis...
Du coup, quand il accédera au pouvoir, il aura toute latitude de "prendre sa revanche". Et il va la prendre, dans les grandes largeurs...


Je ne connaissais pas trop cet épisode sanglant de l'histoire russe. Certes j'avais entendu parler d'Ivan le Terrible. Mais le détail. Heu. En fait c'est pas très glop à connaître.
Troyat a-t-il romancé cette biographie ? J'en sais trop peu sur le personnage pour m'en rendre compte. En tous les cas, son Ivan le Terrible fait dresser les cheveux sur la tête, tant il est mauvais, imprévisible, tant il aime torturer coupables comme innocents.


J'avais hâte de le finir, en fait, et d'ailleurs j'ai lu fort tard hier soir pour l'achever, parce que j'en avais assez, de tout ce sang, de tous ses meurtres. Faut-il être dingue pour tuer son propre fils et héritier du trône (ce qui n'est pas un mal vu l'éducation qu'il lui a donnée, mais ceci est une autre histoire...) ! Bref, c'est pas allé en s'améliorant. Sûrement que les traitements au mercure n'ont pas arrangé les choses, mais on ne peut expliquer la totalité (ni surtout le fait que ça a commencé pendant l'enfance) de ses symptômes psychologiques par ça.


L'inexplicable, c'est aussi le fait que personne n'ait dit ou fait (réellement) quoi que ce soit contre lui jusqu'à ses 50 ans. On ne peut que penser à Staline, Hitler, Ceaucescu et autres, en lisant ça... Les Russes (et européens de l'est) (y compris l'entourage des personnages) étaient-ils si soumis ? C'est dingue...


Bref, c'est un bon bouquin, totalement écoeurant, mais un bon bouquin !

Créée

le 30 août 2019

Critique lue 94 fois

Valerie Tatooa

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