Jane Eyre
7.9
Jane Eyre

livre de Charlotte Brontë (1847)

Vous est-il déjà arrivé de commencer un livre, de ne pas le trouver terrible, mais de poursuivre votre effort dans l’espoir d’une amélioration ? C’est vrai après tout, c’est un classique de la littérature, la suite ne pourra être que meilleure. Ouais, ça doit être ça. Mais, vous est-il déjà arrivé que malgré votre bonne volonté, ben en fait, y’a pas photo, vous vous êtes gouré sur toute la ligne, ça ne s’arrange pas, c’est même pire parfois qu’au début, "j’en suis qu’à la page 400 OMG il m’en reste plus de 200 à lire parce qu’en plus c’est un pavé ce truc, mais vite, qu’on m’achève quoi, j’aurais mieux fait de me crever les yeux le jour où j’ai eu l’idée d’entamer ce bouquin !!". Hmmm, pardon. Au moins, quand le calvaire s’achève (parce qu’au point où on en était, il fallait bien le terminer pour se forger une opinion définitive), on se sent transporté de joie. En effet, contrairement à Emily dont les "Hauts de Hurlevent" m’avaient transporté, Charlotte, l’aînée des sœurs Brontë, n’aura réussi qu’à m’inspirer un ennui plutôt profond avec son roman autobiographique. Rassurez-vous, je ne développerai pas davantage dans ma critique cette "comparaison familiale" un brin mesquine, mais pour moi "Jane Eyre" est largement surestimé ; et il est amusant de constater que, malgré le lien de parenté, ce sont deux mondes différents qui s’affrontent.
Il faut le dire, on se laisse facilement prendre au piège (oui, au piège, je vous dis !) par le début du livre, on s’attache immédiatement à Jane lorsqu’elle n’est encore qu’une enfant entourée de tyrans, et qu’elle pousse l’insolence jusqu’à se faire envoyer en pension… Pension ou malheureusement son caractère s’émoussera bien vite (éducation religieuse… Coïncidence ?), et qui fera du reste de sa vie, et donc du roman, une sorte d’errance un peu lisse, mêlée de principes cathos pas très bandants, de citations bibliques jusqu’à l’overdose et, dans la continuité, d’une certaine austérité. Même le passage le plus déterminant et romanesque (chez Rochester, part 1) manque de vigueur, de passion, malgré le sort bien cruel réservé à ce personnage et les mystères qui entourent sa demeure… Mais sans vouloir enfoncer le clou à tout prix, lorsque le voile se lève sur eux, on ressent de nouveau une petite déception face aux révélations qui tombent à plat. Ensuite ? Eh bien, c’est ensuite qu’en tant que lecteur, on souffre le plus : l’avant-dernier acte, interminable, instaure une nouvelle fois un faux suspense quant aux intentions de Saint John Rivers, et se conclut surtout sur un coup de théâtre vraiment niais. Quant à la dernière partie de l’histoire (enfin, oui !), elle est la conséquence directe de ce rebondissement ; je vous laisse donc le soin d’imaginer qu’elle pâtit également de cette niaiserie. Vous l’aurez compris, ce n’est pas l’écriture de Charlotte Brontë, plutôt agréable, qui m’a dérangé dans "Jane Eyre", mais bien le fond. Impossible pour moi d’accrocher à ce pèlerinage sans relief et parfois un peu culcul la praline, qui donnerait presque à penser qu’on tient là un lointain ancêtre des bouquins à l’eau de rose. Ou d’un épisode de "La petite maison dans la prairie".
Psychedeclic
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le 22 févr. 2013

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