Janua Vera est un recueil de 8 nouvelles. Enfin, plus ou moins, il pourra y en avoir une de plus ou une de moins selon l'édition que vous aurez en main. Donc, je reprends. Janua Vera est un recueil de 8 nouvelles écrite par un auteur français (!). En plus d'être francophone donc et nous épargner les affres parfois douloureux de la traduction, ce monsieur écrit bien. Vachement bien même. A une époque où le sms est en passe de devenir la première langue mondiale (j'exagère mais à peine), où la richesse de vocabulaire semble se perdre de génération en génération, il est vraiment plaisant de lire un livre aussi riche. Ha oui, évidemment parfois, faudra ouvrir un dico ou se faire une raison.


Janua Vera c'est aussi de la fantasy. Mais ne cherchez point trop les gros effets spéciaux. La fantasy de Jaworski est discrète, une pincée de magie par-ci un poil d'elfe par-là, au profit d'une ambiance résolument médiévale, avec des châteaux-forts, des damoiselles en détresse (ou presque), des chevaliers, des guerriers sanguinaires, des paysans, ... Bien davantage du merveilleux à la Chanson de Roland que de la fantasy tolkienesque.


Bon allez place aux nouvelles...


Janua Vera. Cette première nouvelle sert d'introduction aux suivantes. Elle se passe bien avant les intrigues de la plupart des nouvelles du recueil, si j'ai bien compris l'affaire et raconte l'histoire du Roi du Vieux Royaume qui a quelques soucis avec ses rêves. Plaisant, on veut lire la suite.


Mauvaise donne. La nouvelle la plus longue du recueil. Elle sert de prélude à Gagner la Guerre, le roman de l'auteur sorti l'an dernier aux Moutons Électriques. On se retrouve ici dans une histoire tout à fait mafieuse dans une ambiance médiévale. Des assassins, des complots et des intrigues politiques, des courses poursuites à travers la ville. C'est prenant.


Le service des dames. Nouvelle tournant autour de la thématique de la courtoisie chevaleresque. Là où Jaworski déchire tout dans cette nouvelle c'est dans la description des chevaux. Enfin un auteur dont on a l'impression qu'il a déjà mis un pied dans une écurie (et si ce n'est pas le cas, je lui soulève mon chapeau). On est conquis.


Une offrande très précieuse. Une nouvelle onirique à laquelle j'ai accroché jusqu'à ce que l'aspect onirique se dévoile. On est dans le brut, la guerre, la fuite sous la pluie dans la forêt, la peur, la douleur, le sang et puis pouf on est dans le rêve. J'ai eu un peu de mal. Au niveau de la psychologie et la profondeur du personnage principal, c'est très fort cependant. On sent le passé de cette homme qui pèse une tonne sur son dos bien plus que le moribond qu'il transporte dans sa fuite.


Le conte de Suzelle. Une nouvelle que j'ai trouvé longue et lente. Sans doute l'effet désiré cela dit. Raconte la vie de Suzelle, petite fille paysanne plutôt délurée, et sa rencontre avec un personnage sorti tout droit d'un conte de fées.


Jour de guigne. Les déboires de Calame, un pauvre type atteint du Syndrome de Palimpseste. Comment vous ne connaissez pas cette maladie ? Un mal qui sévit chez les copistes quand la magie n'a pas bien été ôtée des parchemins. Les symptômes ? Un manque de bol consternant, pouvant mener à la mort... On sent l'hommage à Pratchett dans cette nouvelle humoristique. Attention hommage pas copie (encore que le parallèle avec le métier du héros est tentant) : le texte est animé de sa vie propre. Pour jubiler.


Un amour dévorant. Ha ! Ce n'est pas une nouvelle, mais un conte. Superbe tout simplement. Je me demande si l'auteur s'est inspiré d'une légende existante où s'il a forgé celle-ci de toute pièce. Une histoire de fantômes médiévales. Pour se faire peur tard le soir.


Le confident. Texte très sombre, voire lugubre. Drôle d'impression de malaise tout au long de la lecture. De quoi faire ressortir des penchants claustrophobes. C'est l'histoire d'un gars qui a choisi de vivre dans l'obscurité ... pour écouter les morts. Le pire, c'est que ces derniers lui parlent. Brrr.


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le 21 févr. 2011

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