Une longue parenthèse

La lecture de Jérusalem est une longue parenthèse, à l'image du personnage de Snowy qui doit marcher sur la longue distance séparants les Boroughs à Lambeth.

Citation Il pouvait marcher pendant des heures et des heures, accomplir n'importe quelle tâche d'envergure, en recourant aux techniques que lui avait enseignées son père. Ernest lui avait expliqué, ainsi qu'à Thursa, qu'il existait une façon de plier notre expérience de l'espace aussi facilement que nous pouvons plier une carte pour faire coïncider deux points distants, disons les Boroughs de Northampton et les rues de Lambeth. Ces deux endroits étaient en fait extrêmement faciles à rapprocher, du fait de tous ceux qui avaient accompli le trajet auparavant, et qui, chemein faisant, avaient accentué et usé le pli. Snowy s'en servait chaque fois qu'il devait faire le trajet entre Thursa dans les Boroughs et la maison de sa mère à Lambeth où vivent Messenger et Appelina. Tout ce qu'il avait à faire c'était de se mettre en route, puis, comme son père le lui avait enseigné, de se hisser sur un plan mental différent qui se déplaçait comme passent les évènements dans les rêves, hors du royaume des minutes, des heures et des jours. Le temps, alors, s'installait dans cette vieille plissure familière, et aussitôt après Snowy savait qu'il était arrivé à destination, les pieds enflés mais nullement fatigué, sans avoir éprouvé un seul instant d'ennui dont il se souvienne, et, d'ailleurs, sans le moindre souvenir de quoi que ce fût.> Citation

Lire Jérusalem, c'est emprunté la plissure qui permet de relier le début à la fin, de relier la naissance à la mort et même à l'au-delà, c'est faire l'expérience de lire sa propre vie, pour au final, ne se souvenir de rien de précis ou peut être, de garder au fond de soi un pli bien marqué, avec ses bosses, ses creux et la tangente qu'il forme avec le destin de l'humanité.