Sur les conseils d'une amie que ce livre avait bouleversé, je me suis jeté sur ce "manifeste pour un nouveau féminisme" à sa sortie en poche le mois dernier. Virginie Despentes, auteur de livres et de films comme Baise-moi qui ne manquent jamais de défrayer la chronique au moment de leur sortie (quoique que pour le présent ouvrage, un peu moins, il m'a semblé) y revient sur son expérience du viol, de la prostitution et part à la recherche de ce que pourrait bien être ce mystérieux concept de la féminité. Une lecture éprouvante..
Alors, pour ceux qui ne connaissent pas, Virginie Despentes, c'est assez particulier. La demoiselle se complaît à écrire aussi grossièrement que possible, à caser le plus de "chatte", de "bites", en veux-tu en voilà toutes les trois lignes. C'est son style, pourquoi pas, et peut-être même que ça rendait bien dans un roman, que ça posait une ambiance, que ça faisait sauter les verrous, etc. Mais ici, le propos est déjà assez "coup de poing" en lui-même pour que ce ne soit pas la peine d'en faire des tonnes autour. Au final, cet incessant débit de vulgarité obscurcit son propos et dessert sa thèse plus qu'il ne la met en valeur. Dommage...
Dommage, car au-delà de son phrasé, tout ce que raconte Virginie Despentes est extrêmement intéressant. Pour résumer, elle part de son expérience du viol et de la prostitution (volontaire) pour dynamiter les idées bien-pensantes sur le sujet, dénoncer le conditionnement du rôle de la femme (et en conséquence de l'homme) dans notre éducation, et défendre le droit des femmes à disposer de leurs corps comme bon leur semble. On y apprend comment une femme est conditionnée dès son enfance à désirer et à fantasmer le viol, d'où le sentiment de culpabilité inévitable lorsque ça arrive. Ou pourquoi le prostitution peut être une expérience enrichissante, une démarche volontaire, et que l'interdire c'est la marginaliser et la rendre dangereuse. C'est percutant, c'est nouveau (pour moi) et c'est très bien défendu.
Dommage que Virginie Despentes pousse parfois le raisonnement jusqu'à ses derniers retranchements, un peu trop loin sans doute, et tombe dans l'excès inverse, l'excès même qu'elle critique. Qu'on puisse défendre le droit d'une femme à se prostituer s'il s'agit d'une démarche volontaire et réfléchie, d'accord. Mais de là dire qu'être payée est le seul moyen pour une femme de jouir librement de sa sexualité, par opposition au mariage qui n'est pour V.D. qu'un moyen pour l'homme de "baiser" gratuitement, c'est aller un peu loin à mon sens.