Avant de commencer la critique proprement dite, il faut que je fasse deux avertissements.
1°) Si vous aimez la Fantasy avec beaucoup d'action, des combats nombreux et sanglants, passez votre chemin, L'Epée de Vérité n'est pas pour vous (du moins dans ce que j'en ai lu jusqu'à présent).
2°) Cette critique va contenir inévitablement des spoils des épisodes précédents.

Difficile de faire aussi bien que le 4ème volume, que j'avais trouvé prodigieux, avec un sens du tragique remarquable.
Cependant, cette âme du feu commence bien. Comme d'habitude, l'intrigue de ce volume découle directement du précédent : une petite action apparemment insignifiante à la fin du 4 (une invocation magique de Kahlan) va déclencher un cataclysme. Pour faire simple et ne pas trop en dévoiler : la magie est en train de disparaître. Kahlan a perdu son pouvoir. le lien magique qui unissait les D'harans à leur maître Richard a disparu.
Le bon côté (dans un souci d'équilibre, bien sûr), c'est que le pouvoir de Jagang, le terrifiant Homme-Qui-Marche-Dans-Les-Rêves, n'a plus cours non plus. Mais son armée est toujours aussi puissante et meurtrière. Et elle se dirige vers la contrée d'Anderith.

Terry Goodkind va passer un long moment à nous montrer, à nous faire vivre la situation si particulière de ce pays à part. Et voilà un des aspects les plus intéressants de ce roman : il permet d'agrandir notre connaissance du monde. On découvre un nouveau pays, avec sa population, ses coutumes, ses injustices aussi.
Car ce pays, Anderith, est basé sur un esclavagisme sans merci. Sous prétexte qu'ils sont "moralement impurs", les Hakens, qui forment la partie majoritaire de la population, sont réduits à l'esclavage. Pire : ils acceptent cela avec bienveillance, convaincus de leur "tache originelle" par une propagande et un enseignement idoines.
Commence alors la meilleure partie du roman, ce qui m'avait déjà tant plu dans le tome 3 : la politique. Goodkind nous montre les diverses manipulations politiques qui se mettent en œuvre au sommet de l'état andérien. Il nous montre surtout comment faire croire à tout le monde qu'on est dans une démocratie exemplaire tout en trafiquant les méthodes démocratiques. Ainsi, le roman nous décrit un scrutin qui se veut populaire et démocratique mais qui ne se déroule pas aussi bien que prévu.
Goodkind insiste aussi sur la nécessité, pour des gouvernants, de diviser leur population s'ils veulent régner. Instaurer un climat de peur, de méfiance, désigner un ennemi commun, donner des privilèges aux uns tout en présentant ça comme naturel : pour qui sait lire entre les lignes, la dénonciation politique devrait rappeler quelques souvenirs de chaque côté de l'Atlantique.

Étant un grand roman politique, ce livre ne présente donc pas beaucoup d'action. Et pourtant, il est passionnant. En effet, en plus de cette dénonciation de la fausse démocratie, il ajoute une intrigue magique, une énigme surnaturelle qui nous tiendra en haleine jusqu'aux ultimes pages. Car Goodkind va jusqu'au bout de son histoire. Ainsi, 50 pages avant la fin, non seulement on ne sait toujours pas comment ça peut s'arranger, mais on s'enfonce encore plus dans le drame.
Alors, il y a bien quelques défauts, mais ce roman se laisse lire sans difficulté et sans ennui, à condition de ne pas en attendre ce qu'il ne peut offrir.

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le 9 avr. 2013

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SanFelice

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