Roman prodigieux
Comme toujours avec ces romans qui "font le buzz" sur Internet, avec des critiques dithyrambiques sur les blogs, sur Babelio, et même le magazine Lire qui s'y est mis, je prends peur, me braque...
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le 28 avr. 2016
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A quoi reconnaît on un grand écrivain ? A l'élégance de son style, qui empoigne le lecteur par le col et le conduit derechef - sans lui laisser le temps de prendre son souffle - à travers la chronique détaillée d'un monde encore inconnu (ici l'Italie du Sud, misérable, arriérée et terriblement violente de l'après guerre) ? A sa capacité à rendre universelle une histoire absolument intime, survenant à des personnages qui ne nous sont rien mais auxquels nous finissons par nous identifier comme à des frères et des sœurs ? En refermant cette "Amie Prodigieuse", premier livre que je lisais d'Elena Ferrante, j'étais devenu un peu ces deux adolescentes napolitaines a priori condamnées par leur milieu social, dont je venais d'accompagner la lutte pendant 400 pages envoûtantes, pleines de vie, de doutes, de tourments, de fureur. Leur amour fondé sur une attirance mutuelle bien dissimulée et sur une saine concurrence, dans un monde par ailleurs résigné à l'immobilisme et la médiocrité, résonne comme un chant d'espoir pour tous ceux qui se désespèrent de nos jours de l'absence d'ascenseur social... même si le dernier chapitre, celui du mariage de l'explosive Lila, agit comme une douche froide sur les espoirs des deux amies ! L'on devine bien sûr, sans avoir encore lu la suite des aventures d'Elena et Lila que tout ira bien pour la narratrice, devenue une écrivain renommée, mais que Lila - privée d'études malgré sa brillante intelligence - connaîtra une existence plus chaotique jusqu'à sa disparition annoncée dès la préface de "l'Amie Prodigieuse". Si ce beau livre peut parfois nous perdre, c'est par contre par son accumulation de personnages, tous pittoresques, superbement incarnés par la plume alerte de Ferrante, et entre lesquels il est facile de s'égarer, malgré la liste figurant en tête du roman (un procédé certes inhabituel mais ici bien nécessaire) : c'est un bien petit défaut par rapport au torrent d'émotions que charrie cette mini comédie humaine ! Alors oui, je soupçonne déjà que Elena Ferrante est bel et bien un grand écrivain, comme on peut le lire çà et là. [Critique écrite en 2016]
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Créée
le 12 avr. 2016
Critique lue 6.4K fois
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