J'ai eu quelques difficultés à commencer L'Amour aux temps du choléra, livre habile qui prend un malin plaisir à égarer son lecteur. La structure concentrique du début nous fait successivement découvrir quelques personnages assez secondaires, dont les premières péripéties préfigurent les thèmes futurs du roman, mais dans des versions très atténuées. On navigue ainsi pendant quelques temps sans déplaisir, mais sans vraiment comprendre où nous sommes ainsi menés.
De quoi parle-t-on, une fois que l'on arrive au cœur du sujet ? D'amour, principalement, et pas d'amour platonique (traduction : on parle aussi beaucoup de sexe). Les quelques personnages importants du roman sont explorées par leurs “vies amoureuses” (on souhaiterait que, le temps de cette critique, le syntagme mou retrouve son sens fort : des vies faites d'amour, passées à aimer). Le charme propre au réalisme magique s'y décline classiquement ; rien n'est proprement réaliste, les aventures des personnages sont souvent trop belles pour être vraies, mais, comme en poésie, sous le récit a-réaliste aux allures de conte affleure une réalité supérieure.
Reste qu'en dépit de ces constats plutôt favorables, j'ai eu du mal à vibrer à la lecture de L'Amour au temps du choléra (bien que la lecture n'ait pas été déplaisante du tout). Peut-être la traduction ? Le style du livre français ne m'a pas enthousiasmé. Hélas, je crains de ne plus avoir la pratique pour m'attaquer à mon prochain Garcia Marquez dans le texte...