J'avoue avoir hésité à lire ce roman tant j'avais été agacée par les interviews de l'auteur Eric Reinhard et cette espèce d'arrogance précieuse que je ne pouvais pas m'empêcher d'y discerner en outre je n'apprécie guère l'autofiction qui semble avoir envahi le genre littéraire ces dernières années comme la téléréalité a phagocyté le petit écran. Finalement, la lecture de ce livre a été plutôt une bonne surprise. Je reste quand même un peu dubitative sur la quatrième de couverture qui parle du récit d'une émancipation féminine, car d'émancipation je ne vois pas vraiment la trace mais par contre la plongée dans l'univers torturé de Bénédicte Ombledanne est fascinante. La finesse de la description que fait l'auteur de cette psychée féminine troublée et troublante, la découverte pas à pas des strates de l'insipide vie provinciale de cette femme aux émotions trop grandes pour elles m'ont captivée. Je n'ai pas trop su quoi faire par contre de l'irruption de la nouvelle de Villiers d'Adam dans le récit, ça m'a plutôt dérangée, comme une sorte de conformisme académique qui vient parasiter le récit. Il m'a semblé aussi que le rapport entre Bénédicte et son mari, quelque peu pervers narcissique, était posé de manière assez subtile, car enfin si cette femme est assurément soumise à des violences psychologiques et physiques, sa position de victime reste ambiguë car c'est elle qui se soumet à cet homme qui lui est inférieur en tout. Enfin la place de l'écrivain et narrateur du récit, ne m'a finalement pas gênée car il se place à la bonne distance et ne parasite pas le récit.