Sous ce titre purement provocateur, j'entends surtout souligner le sentiment de m'être fait escroquer par ce bouquin, cité et re-cité, et qu'un ami m'a vendu comme "l'un des meilleurs romans traitant de l'enfance". Mais, comme j'ai pas eu la même, d'enfance, difficile de comparer.
Je vais être honnête: je n'ai pas pu le finir.
Alors, peut-être la VF est-elle un vrai massacre, mais le style, un style à la fois oral, populaire et enfantin s'est posé entre moi et le bouquin d'emblée. Martèlement d'expressions orales de l'époque, et donc désuètes, j'ai eu le sentiment que ce style était globalement forcé. Peut-être l'était-il, d'ailleurs, car il ne faut pas oublier que c'est un adulte instruit qui prête à un môme dont l'âge pourrait être compris entre douze et dix-sept ans.
Les péripéties racontées m'ont par un amoncellement de non-événements. De l'anecdote montée en épingle par le caractère particulier du héros (hem) et par le style si particulier. Il ne se passe rien, le narrateur ne sait pas où il va, ne semble pas aller quelque part en particulier. Il est juste exaspérant.
Parlons-en, du narrateur: je pense qu'il était voulu, pensé comme une sorte de héros romantique moderne, écorché vif; il n'est en réalité qu'un petit con suffisant, qui n'aime rien ni personne, prend tout le monde pour un ramassis d'abrutis sans jamais montrer en quoi il pourrait s'estimer supérieur. Pourtant, en la matière, il n'a pas l'air particulièrement dégourdi, et j'ai, par moments, eu l'impression d'assister à la jeunesse de Gaston Lagaffe.
Alors, j'ai bien conscience que parler de putes, de drogues, c'était culotté. Ecrire dans un style oral relâché aussi, mais déjà un peu moins (voir Voyage au bout de la nuit). Le problème, c'est que, entre un personnage qui ne m'a paru ni naturel, ni sympathique, un style à la longue franchement pénible, et une aura de "brûlot" qui a bien eu le temps de s'éteindre en plus de 60 ans, tout ce que j'ai lu m'a paru relever d'une époque révolue - sans pour autant que le temps n'en ait fait ressortir quoi que ce soit de digne d'un classique.
Quand je pense que, du côté de NYC, à la même époque, un binoclard venu de Russie commençait à nous parler de robots, et que ça se lit encore bien aujourd'hui...