"L'élégance du hérisson", best seller improbable de ces dernières années, a commencé par m'indisposer, voire même salement m'énerver : comme Groucho Marx, je n'ai "jamais eu envie d'être dans un club qui voudrait de moi comme membre"... Or, tout ici me semblait écrit à mon intention : de la passion de Mme Michel pour Ozu à son amour du cinéma de SF derrière lequel il y a plusieurs lectures, de la certitude que l'Art est supérieur à toutes les conventions sociales qu'il annihile et ridiculise, Muriel Barbery m'a vite irrité... à trop me faire de clins d'oeil (qui ne pouvaient que m'être destinés, non ?), à trop me caresser dans le sens du poil ! Et puis, indiscutablement, alors que l'amour de la vie - et des autres - perce derrière les affêteries de l'Art, une indiscutable émotion irrigue enfin cette construction théorique, balançant ses petits aphorismes philosophiques avec une régularité maniaque. Dommage finalement que, pour boucler son "tour de force", Muriel nous impose une conclusion aussi intellectuellement logique que ridiculement "fonctionnelle", prouvant bien que le souffle de la (vraie) vie ne vient jamais profondément oxygéner les constructions théoriques de nos écrivaillons français.
[Critique écrite en 2008]