Je me rappelle de cette découverte fulgurante de Joel Dicker, récente, alors que je voulais me faire un "week-end à mille". Week-end pluvieux lors duquel j'avais jeté mon dévolu sur "L'affaire Harry Québert" qu'on m'avait prêté et qui m'évoquait un simple "pourquoi pas?". Et j'avais globalement bien aimé ce que j'y avais trouvé: une histoire simple et une écriture agréable pour huit cent pages lues en une journée. Ce n'était pas dépourvu de défauts, bien sûr, mais c'était largement relégué derrière le plaisir honnête de lire un livre motivant.
C'était loin, très loin d'être le cas avec "L'Enigme de la chambre 622". Le premier problème, qui me vient à l'esprit naturellement après cette introduction, c'est la ressemblance avec "La Vérité sur l'affaire Harry Québert". C'est toujours l'affaire d'un écrivain qui s'interroge (finalement peu) sur son écriture, d'un meurtre ancien faisant resurgir de vieilles tensions communautaires, d'histoires d'amour impossibles et de deus ex machina à la pelle. Car si ce nouveau roman vient calquer le précédent sur bien des sujets, ce sont surtout ses défauts qu'il pompe et recrache dopés.
Déjà, si le monde des finances peut être intéressant, il en demeure très chiant. Rapidement, ces histoires de banque et d'aristocrates m'ont excédé. Ses personnages sont toujours affamés de succès, et les éloges de simplicité glissées ici ou là ne tiennent pas dans le dégueulis de palace et de bienséance. Et d'ailleurs, on retrouve cet aspect caricatural de certains personnages. La palme revient cette fois-ci à la mère d'Anastasia, personnage immonde et complètement raté, au dénouement encore plus désespérant.
Alors honnêtement, j'ai assez accroché au début. Mais tout s'est tellement distordu en avançant dans le roman... Laissez-moi vous livrer quelques réflexions, dans le désordre:
- La chronologie du romancier, et de Scarlett, est absolument sans intérêt. Vague hommage gênant et un peu fade à son éditeur, on ne comprend finalement pas bien ce que ça fout là. La "pseudo-enquête" n'existe pas, ils ne sont qu'une excuse pour complexifier inutilement le récit et perdre un peu plus le lecteur. Si la conclusion finale de ce récit-ci est plutôt sympathique à lire, ça ne justifie pas tout le livre...
- L'avalanche de chronologie est probablement un des traits les plus agaçant de Dicker. "Deux jour avant le meurtre", puis "Quatre jours après le meurtre", "Aujourd'hui", "Il y a 15 ans", "6 ans avant le meurtre", "10 mois après le meurtre"... On s'y retrouve puisque Dicker est assez clair dans son exécution, mais ça noie le lecteur sous des tonnes d'informations inutiles au possible... On pourrait abréger ce livre, comme ses prédécesseurs, d'au moins deux cent pages allègrement.
- Le dénouement de ce livre est quand même sacrément tiré par les cheveux, voire désolant... On va dire qu'un petit élément de surprise existe et fait plaisir au début, puis on se rend vite compte de tout ce que cela amène en "rebondissement" et on finit vraiment effaré par cette intrigue qui tient difficilement la route...
"L'Enigme de la Chambre 622" n'est donc pas un bon livre, loin s'en faut. Il n'empêche que Joel Dicker m'est un personnage assez sympathique et que ses livres sont assez agréables à lire. Mais là, en l’occurrence, il est trop difficile d'omettre les défauts plombant le roman à chaque page. Dicker veut trop en faire, et fait à l'arrache... Quel dommage.