Si la simple vision du titre ne vous a pas suffi pour deviner le thème de ce livre, la quatrième de couverture, avec son katana, son shogun et ses arts martiaux, devrait suffire pour lever le doute : cette aventure se déroule dans un cadre fortement inspiré du Japon médiéval. Contrairement au Talisman de la Mort, qui prenait place dans l'univers d'Orbus, L'Épée du Samouraï s'inscrit dans l'univers partagé de Titan, mais bien loin de l'Allansia de Ian Livingstone et du Kalkhabad de Steve Jackson : le Tochimin (ou Hachiman en VO) occupe un coin du troisième continent, le mystérieux Khul. Une grande chaîne de montagnes, les Shios'ii, jouent le même rôle que la mer pour notre Japon, isolant ce pays et sa culture du reste du monde. Je suppose que pour un authentique nippophile, le Tochimin ne sera pas très intéressant, voire un peu mal fichu par endroits, mais pour un profane comme moi, c'est une bouffée d'air frais bienvenue. Adieu orques et gobelins, bonjour kappas et shikomes ! Même les noms japonais, ça n'est pas grand-chose mais ça donne un certain cachet au livre.


L'intrigue n'a rien d'exceptionnel : un royaume à sauver, une épée à récupérer, un méchant à abattre. Mark Smith et Jamie Thomson réussissent tout de même à broder des scènes mémorables sur ce canevas classique, qu'il s'agisse du village à sauver de l'attaque de samouraïs renégats, de cet autre village dont les habitants ne sont pas ce qu'ils paraissent, des énigmes du Tatsu ou de l'étrange rencontre du pont de Hagakure, judicieusement choisie pour illustrer la couverture du livre. C'est un vrai plaisir de parcourir les routes du Tochimin en quête de torts à redresser pour accroître son Honneur, une caractéristique supplémentaire qui s'intègre parfaitement bien aux règles du jeu, de même que la compétence spéciale à choisir entre quatre (frappe rapide, saut acrobatique, tir à l'arc ou combat à deux mains).


Du coup, c'est un peu dommage que le prélude à l'affrontement final se déroule hors de l'espace et du temps, dans une sorte d'arène spatiale. Cette arène voit s'affronter les alliés surnaturels que l'on a pu recruter si l'on a ramassé les bons objets au cours de l'aventure et des créatures démoniaques, mais il est difficile de déterminer quel allié envoyer contre quel démon. En fait, ça semble complètement arbitraire (à moins que j'aie raté des indices ?). Cette séquence témoigne de l'imagination débridée des deux auteurs, mais elle détonne un peu trop par rapport au reste de l'aventure. Heureusement, l'ultime combat, dans les profondeurs infernales des montagnes, s'avère bien plus satisfaisant, avec une belle variété de choix et une certaine générosité. Même un lecteur ayant accumulé les mauvais choix conserve une chance de vaincre Ikuru, certes réduite, mais c'est toujours plus agréable de tomber les armes à la main que de se prendre un paragraphe de mort en pleine poire.


L'Épée du Samouraï se classe facilement dans le haut du panier des Défis Fantastiques : une aventure distrayante et bien conçue, peut-être un peu trop facile, mais rarement injuste. D'accord, les illustrations d'Alan Langford sont un peu fades et pas assez raccord avec la thématique orientale, mais je sais que ce dessinateur a ses fans (dont je ne fais pas partie), et c'est bien le seul reproche de taille que je puisse faire à ce livre.

Créée

le 27 août 2015

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Tídwald

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