L'Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde par Diothyme

Londres, XIXe siècle, le narrateur, un notaire reconnu pour son sérieux et sa respectabilité, se promène dans les rues de la capitale en compagnie d'un ami, il remarque une porte étrange, et son compagnon lui raconte une anecdote à son sujet. Quelques temps auparavant, au beau milieu de la nuit, un homme apparut, venant d'une ruelle, et percuta une petite fille à un croisement. Non content de l'avoir fait tomber au sol, il la piétine et tente de s'enfuir. Mais, l'observateur le rattrape et le ramène pour qu'il s'explique aux passants outrés. Pour racheter sa faute, le grossier personnage rentre par la porte dont il est question plus haut et ressort avec un chèque de 100 livres signé par un des dignitaires de la ville. On pense d'abord à un faux, mais l'argent est encaissé sans problème au grand étonnement de chacun. De plus, l'apparence du malotru a suscité des frissons chez tout ceux l'ayant rencontré, et pourtant, personne n'est capable de le décrire, sinon pour dire qu'il est petit et qu'il serait difforme, sans pouvoir dire de quelle infirmité il souffre. L'homme refuse de continuer son récit, pour ne pas compromettre le signataire du chèque qui est un de leurs amis, il fait promettre à son auditeur de ne pas enquêter d'avantage sur cette histoire. Bien sûr, Utterson, le notaire, rongé par la curiosité, ne pourra s'empêcher de mener sa propre investigation, et découvrira rapidement que la petite porte mène à la maison du Dr Jekyll, un homme estimé par la communauté, bien qu'on raconte qu'il ait eu une jeunesse quelque peu tumultueuse. L'apprenti espion se poste aux aguets devant le domicile du médecin pour découvrir l'identité de son mystérieux colocataire. Très vite, il est confronté au petit personnage, il se présente comme étant Mr Edward Hyde, un ami du Docteur. Assailli de questions, il claque la porte au nez du notaire trop indiscret. Ce dernier se souvient avoir eu le testament de son ami Jekyll, qui, en cas de disparition, lègue toute sa fortune à ce grossier individu, il ne peut pas laisser faire une pareille chose, et quel prétexte de rêve pour continuer à se renseigner sur ce drôle de duo!

Ce court roman est une exception dans l'œuvre de Robert Louis Stevenson, auteur de récits d'aventures comme L'ile au Trésor. Il semble d'ailleurs dans ses autres écrits être atteint d'un syndrome de Peter Pan, préférant le monde des enfants à celui trop ennuyeux de l'adulte. J'ai d'ailleurs remarqué que, bien qu'étant un classique, je ne connaissais personne capable de citer l'auteur de Dr Jekyll et Mr Hyde, moi comprise. L'intrigue est sous forme de roman policier, une enquête narrée par la voix de Mr Utterson, et enrichie par deux lettres, celle du Dr Lanyon, un confrère, et du personnage principal, Jekyll. Procédé stylistique intéressant, puisqu'il permet plusieurs points de vues en gardant une certaine cohérence dans le ton. Bien que l'auteur utilise énormément de descriptions et écrive très bien, je ne me suis pas sentie émue par cette histoire, il nous garde toujours à distance, je ne sais pas si c'est le registre de langue qui est trop soutenu qui nous empêche de nous impliquer, ou peut-être le manque total de personnage féminin, le fait est qu'on a du mal à se sentir concerné. Toutefois, contrairement à ce que j'ai lu chez d'autres critiques, je ne suis pas d'accord avec eux sur la vraisemblance du phénomène de transformation du héros. Je ne vous le cache pas, Mr Hyde (hide : "caché" en anglais) est la part mauvaise du docteur, qu'il a fait sortir de lui grâce à des philtres. Je ne vois pas pourquoi ce procédé serait plus mauvais qu'un autre, magie, religion, ou simple métaphore, je le trouve même plutôt intéressant et novateur pour l'époque. Cela fait de ce roman un véritable précurseur de la science-fiction. Stevenson traite l'éternel sujet de la dualité de l'âme humaine de manière très intéressante, dans un classique qui a sa place dans toute bibliothèque.