Voilà au moins un mois que j'ai terminé ce classique, dont tous les littéraires ont déjà parlé au moins une fois. Lorsque je l'avais achevé, je l'ai fermé en me disant : "oui, il est bien, mais pas non plus iconique". Un mois encore, je pense toujours à ce livre, comme si ses vibrations en moi résonnaient encore. Il ne s'offre pas dès la première lecture, ça c'est sûr. ce livre continue à faire son p'tit bout de chemin en nous, bien après la fin de notre lecture. Peut-être parce que, et ça c'est difficile et déprimant de le reconnaitre, il est terriblement humain. Donc terriblement vide. En effet, rarement un titre aura été aussi approprié pour son personnage principal: un être qui ne ressent absolument rien (y'a qu'à voir comment il réagit et pense lors de la mort de sa mère-il parle plus de sommeil qu'elle), ne croyant absolument en rien (son histoire d'amour terriblement sinistre avec Marie...), laissant la Vie couler sur la surface de sa peau comme du savon. Étranger à sa propre vie, au monde. C'est très déroutant, parce que ça va à l'encontre de toutes les modes de narrations de tous les livres. Normalement, un narrateur doit nous apporter de l'empathie pour son histoire, normalement un livre doit faire circuler les émotions. Mais non, là c'est à nous d'aller les chercher. Ce qui peut parfois être très fatiguant, et rendre sa lecture un peu trop compliquée. L'histoire est par ailleurs à la fois très simple et complexe. Toute la partie du procès est anthologique et très représentatif d'une certaine époque judiciaire (quoique, je me demande si ça pourrait se répéter aujourd'hui).
Dès son premier bouquin, Camus donne une leçon de littérature. Pari très osé, mais relevé haut la main. Une prouesse, qui ne cesse d'habiter en nous.