On lit, relit L’Étranger à l'école, encore et toujours.
Encore faudrait-il savoir pourquoi.
On ne sort pas indifférent, contrairement au personnage phare du roman, Meursault, de la lecture de ce chef-d’œuvre qui a largement mérité sa place parmi les classiques de la littérature française.
L'étranger, ce n'est pas seulement le narrateur-personnage qui l'est, mais aussi le lecteur, étranger face au personnage qu'il côtoie au fil des pages de ce récit concis, impeccablement écrit et pesé, au mot près, comme si Camus avait choisi minutieusement chaque mot, pour nous raconter les maux d'un personnage qu'on ressent palpables.
Son narrateur est si complexe et protéiforme qu'on en est à juste titre étranger, et pourtant, Meursault, contrairement à ce qu'on pourrait penser, n'est pas si différent de nous. Il est un homme parmi les hommes, mais les hommes le rejettent car ils ne le comprennent pas.
Cette complexité du personnage est rendue sensible par l'écriture de Camus, l'écriture blanche dont parle Barthes et qui donne au roman sa si grande singularité.
En bref, L’Étranger de Camus reste une de ces œuvres dont on ne ressort pas indemne, qu'on prend plaisir à relire, et ce jusqu'à ce qu'une énième lecture puisse nous éclairer sur les mystères de son narrateur-personnage. Bien plus qu'un livre, le roman de Camus est une porte d'accès sur l'autre et sa psychologie.