L'existentialisme de Jean-Paul Sartre est une philosophie vaste qui nécessite d'y revenir pour un profane en philosophie comme moi. Parfois comme un besoin vital de l'esprit. Car j'ai lu pour la première fois ce livre à l'âge de 16 ans, pendant m'a seconde année de lycée.
Évidemment je n'avais retenu que son fameux "L'existence précède l'essence" avec le sens qui l'accompagne. Déjà pas si mal en vérité. Et puis à l'epoque cette idée sonnait d'ailleurs pour moi comme une révélation. Avec l'enthousiasme fou d'avoir compris pour la première fois une grande idée. Mais la comprendre ne suffit pas. Encore faut-il l'assimiler c'est-à-dire la faire sienne. On ne peut jamais se satisfaire d'une idée que quand elle nous appartient. Car Il ne suffit pas de tenir une belle idée dans la main, et de la balancer à qui mieux-mieux. Sinon tout n'est que prétention.
Cet ouvrage a d'abord ce mérite de vulgariser L'Étre et le Néant. Il n'est pas l'ouvrage de référence auquel la posterite semble le confondre et il a ses limites.
Mais L'existentialisme est un humanisme reste une influence.
C'est ce qu'il a d'abord été pour moi. Et c'est ce qu'il ne peut qu'etre en l'absence d'une lecture approfondie de l'imbitable L'Être et le Néant. Il a donc longtemps fait son chemin, plus ou moins consciemment. C'est là la force d'une pensée comme celle que propose Jean-Paul Sartre.
Puis apres ma recente lecture de L'insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera, je me suis demandé : Comment peuvent se concilier existentialisme et marxisme (mon obédience) ? Y voyant légitimement ce qui semble être une opposition voire une contradiction entre ces deux philosophies.
Kundera (qui n'est pas "Sartrien"), dont l'extremisme et le kitsch reposent sur un rejet presque viscéral du marxisme à cause des derives du communisme tel que le stalisnime auquel il les amalgame, prône implicitement un "tout libre-arbitre", une liberté d'Homme sans Condition (il est ici son extremisme). Il ne fait que suggérer la question pour un marxiste comme moi qui avait l'intuition que le pessimisme apparent que je prêtais à cet auteur n'etait pas juste. L'occasion de revenir à Sartre. Je savais que ce serait dans L'existentialisme est un humanisme que je trouverai la reponse.
Comme il anéantit les incomprehensions des marxistes de l'époque, Sartre aneantit la mienne pendant sa conférence par sa reponse qu'on pourrait résumer grâce à cette citation rapporté en fait dans l'avant-propos et extraite d'une publication dans son journal Les temps modernes :
Ce n'est pas sous le même rapport qu'un homme est libre et enchaîné
La pensée de Sartre, en plus d'être un humanisme, est salutaire pour les communistes dont le dogme marxiste d'un déterminisme absolu (ce "rêve d'une causalité marxiste" comme dit Sartre) est dangereux car permettant des dérives pour peu qu'un Staline & cie s'en mêlent. Il casse un dogme sans briser la pensée.
C'etait l'objectif visé par Sartre et sa seule prétention : "se rapprocher du Parti Communiste". Ce qu'il réussit à faire. Du moins sur le plan des idées...
Au-delà donc des apparences L'existentialisme est un humanisme est subtil et plus riche que ne le laissent croire ses seules 59 pages. C'est une oeuvre qui n'est pas prétentieuse mais qui se donne les moyens de ses ambitions. C'est une oeuvre qui se mûrit sans se mériter pour autant.