Avec L’Homme des jeux, premier volume du cycle de la Culture, j’ai replongé dans la science fiction, genre adoré autrefois et délaissé pendant de nombreuses années...

La Culture est une civilisation-utopie, une civilisation galactique riche, hédoniste, technologiquement extrêmement avancée, pacifiste, tolérante mais non sans cynisme, et où le pouvoir est géré par les Mentaux – des êtres à l’intelligence artificielle. La Culture intervient dans les autres civilisations pour les faire évoluer dans le bon sens.

L’homme des Jeux est Jernau Gurgeh, sans doute le meilleur joueur de la Culture, dans cette société où le jeu est tout sauf une activité futile.
Il est envoyé par la Culture dans l’Empire d’Azad pour jouer au jeu d’Azad, un jeu qui s’est élaboré sur plusieurs millénaires et qui est le modèle et le ciment de cet empire. Dans l’empire d’Azad, le pouvoir se conquiert par le jeu – le jeu d’Azad est le modèle de la vie dans cette société, la voie par laquelle on progresse dans les organisations administratives, judiciaire, militaires, etc., et le mode de désignation de l’empereur.

« Durant les trente jours qui suivirent, Gurgeh ne toucha pas à une seule pièce d’Azad. Il consacra tout son temps à assimiler la théorie du jeu, à étudier son histoire lorsque cela pouvait lui être utile pour mieux comprendre sa pratique, à mémoriser les axes de déplacement autorisés pour chacune des pièces, ainsi que leur valeur, leur pouvoir, l’influence réelle ou potentielle qu’elles exerçaient sur le moral du joueur, leurs différentes courbes temps / pouvoir intersectées ainsi que leurs harmoniques d’aptitude spécifiques en fonction des différents secteurs du tablier. »

« Gurgeh se replongea dans le jeu comme un être amphibie dans l’étreinte accueillante de l’eau. L’espace de quelques coups, il se contenta de jouir de cette sensation : il était de nouveau dans son élément, il retrouvait la joie sans mélange de l’affrontement, il se délectait du moindre infléchissement de ses forces et ses potentialités, de la tension captivante qui entourait chaque pion, chaque position. Puis il se détourna de cette approche ludique pour se mettre plus sérieusement à édifier et traquer, créer et relier, détruire et sectionner ; à pourchasser pour tuer. »

L’univers du jeu qui s’étend bien au-delà des plateaux ou tabliers de jeu, les personnages sont des pièces du jeu et celui-ci envahit notre mental, tout notre espace.
Avec ses trouvailles (telles que les trois sexes de l’empire d’Azad) et son humour, Iain Banks est lui aussi un maître de la manipulation. Un plaisir prolongé et amplifié avec la lecture du deuxième volume du cycle de la Culture « L’usage des armes ».
MarianneL
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Créée

le 12 août 2012

Modifiée

le 13 août 2012

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MarianneL

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