Léonardo Padura nous livre, comme il le dit lui-même, un roman sur la grande utopie du XXe siècle, le communisme, une époque de la « pauvreté équitable, généralisée en avancée sociale » (p566). Les versions abordées sont multiples - stalinisme, communisme cubain, guerre civile espagnole, trotskisme – mais les confrontations aussi.

« L'homme qui aimait les chiens » est incontestablement un livre historique. Toutefois, si l'auteur n'invente pas des lieux, des personnages ou des destins, il invente des émotions, des pensées, des craintes, des situations, des liens. En se concentrant tout particulièrement sur deux personnages historiques, Léon Trotski et son assassin Ramon Mercader, l'auteur établit une barrière très fine et floue entre victimes et bourreaux, entre enthousiastes et déçus. Car ce livre parle surtout de la déception idéologique et de la perte d'âme, mais aussi de la place attribuée à chacun dans un système criminel et engloutissant. L'incertitude plane sur la vie car le rôles des individus peuvent changer d'un moment à l'autre, en fonction de la volonté et de l'humeur d'un certain Staline.

A côté donc des histoires très détaillées et prenantes de Trotski et Mercader, l'auteur semble s'intéresser encore plus aux « petites » gens écrasées, qui subissent l'histoire sans aucun moyen d'y prendre part.

J'ai beaucoup de mal à reprocher quelque chose à ce livre, surtout que Padura l'écrit tout en étant à intérieur d'un tel système (il vit à Cuba), mais en ayant en même temps du recul par rapport à l'histoire de l'URSS. C'est peut-être ce décalage entre ce qu'on sait et ce qu'on continue à vivre qui donne autant de force au récit de Leonardo Padura.
nuca
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le 5 nov. 2011

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