Troisième volet de sa trilogie Octave Parango, ce dernier roman de Frédéric Beigbeder, se lit d'abord avec amusement. On aime réfléchir à qui est qui (c'est pas bien compliqué) à travers les prénoms et noms légèrement modifiés (un peu comme les joueurs de foot des équipes dont PES n'avait pas la licence) puis on visite l'ouest parisien, ses bars germanopratins et ses boîtes de nuit et hôtels où hommes d'affaires côtoient putes de luxe (ou escort-girls c'est comme vous voulez) et où Parango-Beigbeder noie son spleen...
Le narrateur-écrivain dit plein de choses et pas que des conneries... Il dézingue assez habilement à juste titre les odieux Léa Salamé et Nicolas Demorand ("j'ai connu un congélateur Blaupunkt plus chaleureux")... Ses analyses intéressent et sont plutôt bien senties quant à cette sorte de dictature du rire et de l'ironie qui inonde nos ondes... Et que dire de cette célèbre radio publique, jugée "progressiste" et qui flanque à la porte une de ses plumes du jour au lendemain... Ressort aussi de ce livre une grande nostalgie des années 1980-1990 où fric et fête étaient les mots d'ordre. Comment lui reprocher de regretter l'époque de sa jeunesse quand on regarde la nôtre (qui compte quand même du positif, je vous rassure)...
Et puis, le livre se lit facilement. L'écriture fluide de Beigbeder malgré une passion pour le name-dropping (remarque, ça permet de découvrir des gens, des ouvrages ou des chansons que je ne connaissais pas...) aide bien.
Un très bon livre, drôle et gentiment réac mais aussi écolo puisque dans sa conclusion (comme un peu à la fin de sa géniale dernière chronique), Beigbeder-Parango s'improvise en Greta Thunberg. Les propositions et l'envie de fumer quelques joints, en plus.