Le narrateur est journaliste. Chroniqueur. Et critique littéraire. Il est intelligent et pas mauvais du tout lorsqu’il s’agit d’analyser la prose des autres. Vereker est son auteur préféré. A l’occasion de la sortie du dernier livre de celui-ci, il publie un article fort élogieux qui, il l’espère fera plaisir à l’écrivain. Mais lorsqu’il le rencontre enfin, le grand homme qui ne reconnait pas le critique, assure devant lui qu’une fois de plus le journaliste est passé à côté de l’œuvre.


Notre narrateur est déçu. Et au moment où il ne s’y attendait pas, se trouve nez à nez avec l’homme de lettre. Celui-ci a appris qui il était. Il lui présente ses excuses pour l’avoir blessé bien involontairement et lui demande un entretien en particulier. L’auteur s’explique alors : toute son œuvre dissimule un secret, une pépite, un trésor. Un message, une idée directrice qui est toujours demeurée insoupçonnée. A chaque nouvelle parution, Vereker s’attend à lire enfin un article révélant le pot aux roses.


Notre journaliste est vivement intéressé. Mais quelle est cette ligne générale ? L’auteur refuse de vendre la mèche. Relisez-moi. Quand elle vous apparaîtra, vous vous rendrez compte qu’elle est aussi visible qu’un motif dans le tapis.


Dès lors, le critique littéraire cherche avec frénésie et se confie à son meilleur ami qui, lui aussi, se met en quête du trésor. Le narrateur a déjà baissé les bras quand, des mois plus tard Corvick l’appelle et lui affirme avoir trouvé. Il exulte, mais lui demande de patienter encore un peu : il veut d’abord parler à l’écrivain.


L’attente est insoutenable. Le narrateur menace de finir fou lorsque l’ami est tué accidentellement. Le secret tant convoité le fuira-t-il donc tout au long de sa vie ? Percera-t-il le mystère avant que sa raison ne lui échappe ?


La tension est soutenue tout au long de cette nouvelle passionnante. Tel le Raskolnikov de Dostoïevski, le narrateur est étouffé par son obsession. Courir après un secret qui ne cesse de se dérober le rend peu à peu fou. Le lecteur sent lui aussi la température monter, la goutte de sueur perler sur son front.


Superbe !

BibliOrnitho
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 16 juin 2015

Critique lue 557 fois

3 j'aime

2 commentaires

BibliOrnitho

Écrit par

Critique lue 557 fois

3
2

D'autres avis sur L'Image dans le tapis

L'Image dans le tapis
BibliOrnitho
9

Critique de L'Image dans le tapis par BibliOrnitho

Le narrateur est journaliste. Chroniqueur. Et critique littéraire. Il est intelligent et pas mauvais du tout lorsqu’il s’agit d’analyser la prose des autres. Vereker est son auteur préféré. A...

le 16 juin 2015

3 j'aime

2

L'Image dans le tapis
Rahab
9

Critique de L'Image dans le tapis par Rahab

Cette nouvelle frustrante conserve encore l'indéfinissable secret du style d'Henry James et questionne le lecteur sur la force invisible de la littérature. A siroter pour tout ceux qui ne connaissent...

le 11 avr. 2011

1 j'aime

Du même critique

Le Voyage de Chihiro
BibliOrnitho
10

Critique de Le Voyage de Chihiro par BibliOrnitho

Une enfant est affalée sur la banquette arrière d'une voiture, des bagages en tout sens : la famille de Chihiro déménage et arrive dans son nouveau quartier. Mais papa tourne un tout petit peu trop...

le 28 janv. 2014

48 j'aime

3

Le Petit Prince
BibliOrnitho
10

Critique de Le Petit Prince par BibliOrnitho

A cause de la vanité d’une fleur maladroite qui ne sut déclarer son amour et parce qu’il a découvert que l’amour pouvait avoir des épines, le Petit-Prince quitta sa minuscule planète (pas plus grande...

le 5 nov. 2013

48 j'aime

2

Kafka sur le rivage
BibliOrnitho
10

Critique de Kafka sur le rivage par BibliOrnitho

Un chef-d'œuvre qu'il me paraît impossible à résumer. Un récit dense, surréaliste où deux mondes s'entremêlent étroitement. Le jeune Kafka Tamura (le nom est authentique, mais il s'agit d'un prénom...

le 19 juin 2012

42 j'aime

8