J'ai beaucoup apprécié le livre. Il possède beaucoup des qualités que je concède à Haruki Murakami. Les pensées des personnages sont développées et varient beaucoup entre elles. Les actions de réflexions nous emportent très loin. Murakami a le don de savoir expliquer et démanteler dans le moindre détail les raisons pour lesquelles les personnages en sont venus à penser / agir / parler comme ils le font. Comprendre les rouages du mental du héros et des gens qui l'entourent nous fait éprouver l'intrigue avec encore plus d'ardeur. De plus, la boucle incomplètes des sentiments du passé de Tsukuru nous plonge dans sa détresse émotionnelle.


Sarah; Tsukuru; Haida et le groupe d'amis de Nagoya ne font pas exception à la règle. Chacun a une histoire à raconter qui nous plonge dans une perspective différente du monde et de la société ( qu'elle soit japonaise ou non. ) De plus, Rouge Bleu Noire Blanche ainsi que Tsukuru ont tous éprouvées différentes émotions autour d'une même histoire. Cette histoire est un pilier qu'on va avoir l'occasion de voir sous différents angles; parfois de très près parfois d'extrêmement loin. Le questionnement de l'histoire va nous amener à aimer tout autant qu'à détester ce monument commun aux personnages. Tout se fait dans la nuance et la sensibilité de chacun. Les personnages sont humains et vrais. Bien que l'action paraisse souvent " posée et calme; " il y a une réelle intensité émotionnelle tout au long de l'histoire. On ne cherche ni gentils ni méchants dans cette oeuvre, simplement des réponses et de la compréhension.


Pour ma part j'ai énormément apprécié toute la partie concernant l'université et la rencontre d'Haida,


la façon dont les sentiments passés de Tsukuru se répercutent sur cette nouvelle rencontre. Réalisé à quel point ce non-dits du passé ont été significatifs pour le futur de Tsukuru.
J'ai aussi adoré l'histoire du père d'Haida et cette partie m'a fait espérer durant le reste de l'histoire une plus grande présence du fantastique comme dans " la fin des Temps "


Aussi, qu'elles soient historiques, musicales ou littéraires, les références de Murakami sont toujours pertinentes et c'est palpitant de pouvoir enfiler la façon de concevoir de cet auteur. Pour rester sur les références, que ce soit au travers de la musique de Litsz ou dans certaines pensées des personnages, j'ai durant ma lecture eu beaucoup de réminiscences d'un autre livre de Murakami, " Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil. " Cela est sûrement dû au fait de l'énorme présence du thème du manque et du fantasme. Il y a également d'autres arguments :


Penchons nous un peu plus sur le cas de Blanche. Durant la période du
lycée, elle était radieuse, talentueuse et belle au possible. Blanche
est ensuite décrite comme quelqu'un qui, après son viol et en
vieillissant, a perdu toutes ses couleurs pour finalement mourir.
Pendant la lecture je n'ai pu m'empêcher de faire un parallèle avec
Izumi. ( la petite amie du lycée qu'Hajime n'a cessé de tromper avec
sa cousine dans Le sud de la frontière. ) Izumi perd toute
expression et quand Hajime la retrouve à 37 ans, assise dans un taxi
au moment où il perd la raison suite à la disparition totale de
Shimamoto-san. Elle semble fade et vidée de toute expression, pense
t-il en la reconnaissant.
" Elle fait peur aux enfants "
lui avoue un ancien camarade de lycée. Je n'ai pu m'empêcher de rapprocher
l'histoire de ces deux filles passionnées qui sont toutes deux
tombées dans une espèce de léthargie sentimentale.


Hajime et Tsukuru ont également tous deux 36 - 37 ans durant les
actions de l'histoire. Je ne me suis pas renseigné si le lien entre
les œuvres était validé par l'auteur ou non mais les parallèles sont
multiples et sont, à mon goût, assez pertinents pour en parler en
tant que tels.


Enfin, l'action se déroulant à Tokyo """- ainsi qu'en Filande -""" nous fait voyager et découvrir de nombreux paysages par le biais du texte.


J'aime énormément la façon - dans tous les livres de Murakami - avec laquelle la musique lie passé et présent. Pareillement pour les lectures des personnages que les personnages décortiquent et puis analysent de nouveau plus tard dans leurs vies.


Quant à la fin :


J'ai un peu le sentiment que cela finit en " queue de poire. " Je sais que Murakami privilégie l'action de l'esprit sur l'action purement physique et réelle mais savoir l'issue de la relation entre Tsukuru et Sarah n'aurait rien changé à la qualité de l'histoire. J'aurai aimé connaître " le background " et les raisons de Sarah d'être avec un autre homme. Encore une fois, je ne pus m'empêcher de faire un parallèle avec Shimamoto-san du Sud de la frontière. Sarah est un personnage important de l'histoire que j'aurai voulu connaître davantage avant la fin du roman.


Le roman est très bon, tout aussi bon que d'autres œuvres de Murakami et les réflexions pleines de réalités et parfois de fatalité ne nous laissent pas intactes à la fin du livre. On voyage sur le temps et les sentiments de tous les personnages. On en sort un peu chamboulé, un peu changé.

Saturn
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le 23 mars 2017

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Saturn

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