Voilà ce que nous dit à plusieurs reprises Kundera dans son oeuvre. Cette phrase sous-entend tout un concept imagé expliqué par l'auteur, j'en parle ci-dessous.
Ce livre pose plusieurs problématiques. Il est selon moi comme un « fourre-tout » de différentes idées à propos desquelles Kundera voulait s'exprimer. Romancé, il est agréable à lire et pousse à se poser de nombreuses questions :
Qu'est-ce que l'amour ? Qu'est-ce qu'une relation de couple ? Pour Tomas, le sexe est indépendant de l'amour, c'est pourquoi tout en étant éperdument amoureux de Teresa, il couchera avec bon nombre de femmes. Celle-ci reste jalouse tout en acceptant la situation. Elle le comprend. (cela me fait d'ailleurs penser à Jules et Jim de Truffaut même si la vision de l'amour est encore différente, cela reste une vision décalée des normes sociétales)
« Einmal ist keinmal ». Voilà une phrase qui revient régulièrement dans cette œuvre, tel un leitmotiv. Cela signifie « une fois ne compte pas ». Lorsque Kundera évoque cette dernière, il explique que l'on ne vit qu'une seule fois, ou du moins, si l'on vit plusieurs fois, on ne se souvient pas de nos précédentes vies. On ne peut en tout cas revivre notre vie, elle est unique. C'est pourquoi il n'y a pas d'intérêt à avoir des remords, des regrets, à chercher à savoir si telle ou telle décision était la bonne : on ne le saura jamais. Jamais on ne pourra recommencer sa vie en optant pour l'opposé d'une décision prise dans son autre vie afin de voir laquelle était la meilleure. Rien ne sert de ruminer, il n'y a ni bonne ni mauvaise décision. C'est en cela que le titre s'explique, c'est L'Insoutenable Légèreté de l'être. C'est une esquisse, et non un produit fini. Les erreurs n'en sont finalement pas.
C'est en ce sens que Kundera a écrit ce livre : les différents personnages sont ses possibilités qui ne se sont pas réalisées. Comme il ne peut pas dans la vraie vie faire différentes expériences du fait qu'il n'en ait qu'une seule, il décide d'en imaginer d'autres.
Les animaux tiennent une place importante dans ce roman. Karénine (du roman de Tolstoï) est le chien de Teresa et Tomas. Il est un être fondamentalement important et perdrait toute sa valeur s'il était à l'image des vaches abattues à la chaine pour nourrir la population. D'une certaine façon, selon l'auteur, l'animal est plus divin que l'homme. Il n'a pas été chassé du paradis. Il offre un amour honnête, on ne se pose pas de question quant à l'amour qu'un animal nous porte (en principe).
La dimension historique est également intéressante. En effet, l'histoire se déroule à Prague après la seconde guerre mondiale. À cette époque, le communisme a la main mise sur le pays. Cela nous permet d'être plongé dans cet envahissant régime qui n'a de cesse d'espionner la population et de manipuler la population, mais sous le point de vue interne des personnages, et non sous un point de vue historique.
Si tous ces thèmes et explications succinctes vous intéressent, alors je vous conseille vivement ce livre qui, sans être lourd et compliqué à comprendre comme certaines oeuvres philosophiques, plus qu'une simple histoire mais moins qu'un traité, nous invite à réfléchir à différents sujets tout en nous permettant de rêvasser.