
A priori, rien ne me portait vers le thème du dernier et très court livre d'Eric Vuillard, "l'Ordre du jour". Hormis l'excellent souvenir du "Chasseur" et de "Conquistadors". Cette petite farce, grave comme la réalité, s'ouvre et se referme sur une réunion de grands patrons venus livrer leur dîme au parti nazi, comme d'autres graves assemblées de patron livrent des subsides à d'autres puissants aujourd'hui. "Les mêmes visages raisonnables que de nos jours." Avec une ironie grinçante, Vuillard nous montre les marionnettes polies du pouvoir, ces gens veules et riches, qui le demeurent quoiqu'il arrive. L'ingénierie des médiocres, la maffia des basses manœuvres et le cirque du pouvoir. Simple et limpide. Avec la force de la langue de Vuillard pour sublimer le grand-guignol du monde, ces gens qui n'existent que pour voler, dépouiller et accabler ceux qui le leur permette.