Superbe début ... et ensuite, quelle déception!

Le début est très réussi: il plonge immédiatement le lecteur dans une ambiance et un univers à la fois sombre et curieux qui fascine, subjugue. La description d'une personnalité morale monstrueuse, vampire qui soumet ses malheureuses victimes, marionnettes d'une vie, est digne d'intérêt bien que parfaitement subjective et réfutable: ce sont évidemment les actionnaires et les dirigeants qu'ils positionnent qui insufflent l'élan, l'esprit et définissent la trajectoire de la personne morale.
Mais, qu'importe! L'écriture est agréable, le décor planté de manière magistrale et le récit saisit le lecteur. C'est évidemment le principal.
La suite ... et bien, comment dire, n'est pas du tout au niveau.
On assiste à une accumulation de faits historiques plus ou moins pertinents - on s'interroge d'ailleurs sur leur véracité: issus de recherches rigoureuses ou arrangement voire simple invention au bon vouloir d'un auteur "truqueur"? - , jetés pêle-mêle et enrobés d'une pâte parfois bien indigeste de pseudo-culture musicale, livresque ou mythologique qui pourrait dénoter une certaine fatuité bien déplacée.
Par ailleurs, l'auteur se permet, tel un deus ex-machina, de soudainement prendre la parole et nous accabler d'un "je" pas vraiment nécessaire.
Enfin, le livre donne aussi l'impression d'un certain opportunisme (ou d'un opportunisme certain :): en se focalisant sur la Shoah et certains aspects plus que sordides, tel le suicide - requalifié de crime -, l'auteur se manifeste bien dans l'air du temps et s'assure un assentiment généralisé, voie royale au succès.
Et quel succès: le Goncourt, rien que cela!
Bien cher payé pour un récit court, léger et susceptible d'être oublié aussi vite qu'il a été lu.