Dans un duché politiquement instable s'affrontent pour le pouvoir deux guildes, les Mécaniciens et les Alchimistes. Mattie est une automate d'un genre spécial, autant dire une intelligence artificielle, créée par un Mécanicien. Elle est parvenue à obtenir de celui-ci une certaine indépendance, sous conditions, et a réussi à se faire admettre dans la guilde des Alchimistes. Pour une raison que le lecteur ignorera, les Gargouilles, fondatrices de la Cité, s'adressent à Mattie pour lui commander un remède qui les délivrera de la malédiction qui pèse sur elles et les transforment lentement mais inéluctablement en pierre. Mattie va donc mener deux quêtes de front : celle qui doit conduire à libérer les Gargouilles, et sa propre quête, qui doit la mener à son émancipation complète. Pour cela, elle doit absolument se procurer la clé que possède son maître et sans laquelle il lui est impossible de remonter son mécanisme, telle celui d'une montre, toute seule - et ne pas être remonté, pour un automate, voilà qui signifie la mort, ou du moins l'inertie complète.


Ekaterina Sedia a multiplié les sujets : conflit politique, lutte des classes, émancipation des femmes, racisme, utilisation des machines et de l'intelligence artificielle et, bien entendu, la question de la discrimination des automates au sein d'une société gouvernée par des humains. Mais tous ces sujets, à force de s’entrecroiser, perdent chacun en intensité et ne sont pas réellement traités. L'auteure se perd quelque peu en intrigues secondaires, et le récit a tendance à devenir répétitif. Sans doute un roman plus court eût-il possédé plus de force. L'histoire des Gargouilles n’est qu'effleuré, tandis qu'on s'attarde sur une vague histoire d'amour entre Mattie et un Mécanicien, qui n'a pas grand intérêt. Il est tout de même dommage que la thématique de l'intelligence artificielle ne soit pas creusée !


Pourtant, l'univers créé par Ekaterina Sedia a de quoi séduire et certains personnages attisent particulièrement notre intérêt. Bon, qu'on ne s'y trompe pas : malgré la présence d'automates dans le récit, on n'est pas dans du steampunk - pas d'uchronie ici, ni de ces références qu'affectionne particulièrement le genre. Mais justement, l'auteure a su inventer un monde hybride et foisonnant, mais qu'elle n'a pas exploité suffisamment pour que le roman nous tienne en haleine. C'est d'autant plus dommage que la fin, contre toute attente, s'avère tout à fait réussie.

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