Cela faisait un bon moment que je n'avais pas été confronté à un roman aussi exigeant. J'ai donc été très surpris car si l'histoire semble au premier abord un récit post-apocalyptique mettant en scène la perte du langage écrit et parlé, n'attendez pas que Ben Marcus développe les conséquences sur notre monde. Qu'advient-il de la société des hommes ? le héros Sam s'en moque, il fuit en avant vers un but difficile à déchiffrer au lecteur. Certes le roman aborde périodiquement les réflexions au sujet de l'origine du mal qui s'étend mais sans jamais donner de réponse. Pourtant le roman fourmille de thèmes potentiellement exploitables, les juifs sylvestres, le personnage de LeBov, l'apparition du mal par les enfants en premier, la quête d'un sérum.

Mais c'est quasi uniquement dans la tête de Sam que tout ce roman se déroule, comment organise-t-il sa survie, comment espère-t-il toujours reconstruire sa famille - car c'est son seul dessein. Le développement du roman est à ce point centré sur lui que les personnages rencontrés qu'ils soit majeurs ou mineurs pour l'intrigue traversent le roman sans que l'on comprenne leur implication ni dans le récit ni dans la quête du héros. S'il est bien un aspect que je pense avoir compris c'est qu'avec la disparition du langage sous toutes ces formes bien des conventions de notre société deviennent obsolètes. A quoi bon se justifier d'une action répréhensible si personne ne peut nous la reprocher ? Qu'advient-il de la morale si elle ne peut être dite ou écrite ?

Hors l'intrigue, c'est le style de l'écriture de Ben Marcus qui nous frappe et fait la substance du roman. Autant le dire, j'ai eu beaucoup de mal à la lecture et j'ai du m’accrocher pour ne pas laisser le livre de côté. Je pense que c'est principalement cette difficulté de lecture qui ne m'a pas permis de comprendre grand chose du propos de Ben Marcus. Si le style est rude ce n'est pas à cause de son vocabulaire, puisque c'est Sam qui nous relate sous la forme d'un pseudo testament l'histoire de sa vie dans la dernière partie on sent que l'auteur n'oublie pas que son héros perd l'habitude du maniement de la langue. C'est plutôt par sa rudesse que le style frappe et frappe fort. On ne ressent aucun "confort" à la lecture, on dirait une chronique de guerre dérobée, que le narrateur ne vous a pas autorisé à lire et qui ne vous est pas destiné.

Est-ce vraiment une qualité pour un roman que de ne pas laisser indifférent ? Je le crois, mais on est encore au-delà de ça avec "L'Alphabet de Flammes". J'aurai aimé qu'il en soit autrement, mais malheureusement il me reste plus l'épreuve de la lecture qu'un autre aspect du roman: 5/10

PS: J'adorerai qu'une bonne âme écrive une critique ici que je puisse avoir une explication, un autre point de vue.
Nanash
5
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le 21 nov. 2014

Modifiée

le 21 nov. 2014

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Nanash

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