Cette critique a été écrite par ma compagne, EmyNaya, qui voulait faire partager ce coup de coeur.


Plantée au milieu du désert, la Cité abrite depuis un siècle des hommes et des femmes en attente de l'antidote qui les délivrera, et qui ne vient pas. En cause, un virus qui a ravagé l'humanité et vu des milliers de personnes être parquées entre des murs infranchissables, dans l'espoir de les protéger. Des années plus tard, après que la moitié de la population ait été décimée, les survivants ont développé des anticorps leurs permettant de cohabiter avec le virus. S'ils restent enfermés, c'est pour ne pas contaminer les habitants de l'extérieur et réitérer une expérience similaire aux résultats désastreux. Depuis, l'armée cherche l'antidote tout en gérant la Cité harassée de chaleur d'une main de fer.


Pourtant, au sein de ce havre sanitaire, l'armée ne peut faire taire tous les dissidents cachés dans ses rangs. Une jeune recrue, Maïa Freeman, entend bien sortir de l'enceinte au nom de sa vérité : l'armée retiendrait les habitants prisonniers et ne chercherait aucunement l'antidote. Alors qu'elle amasse depuis plusieurs années des documents interdits dans l'espoir de s'évader, les plans de la jeune femme sont brutalement mis à mal quand Dimitri, son mentor, est emprisonné par sa faute. Elle n'a plus que 30 jours pour trouver l'enfant papillon, le seul habitant à être sorti dans le désert et en être revenu, pour espérer délivrer son mentor et s'enfuir avec lui avant qu'il ne subisse le châtiment. Épaulée par une équipe de choc - un tueur à gage, ancien supplicié vivant dans le ghetto et un lazuli, ces êtres que le virus continue de ravager et considérés comme la vermine de la cité -, Maya devra accepter de mettre sa propre vie en danger pour sauver celle de Dimitri.


Il s'agit de ma troisième lecture de ce roman et le plaisir de retrouver Maïa, ses compagnons et leurs idéaux reste intact. Ce roman est une réussite qui s'explique par plusieurs facteurs. Tout d'abord, bien qu'il s'agisse d'une dystopie somme toute classique, on ne peut nier le travail de l'auteur pour proposer un univers cohérent et un scénario particulièrement bien construit. Celui-ci nous entraîne au sein d'une société totalitaire dans laquelle l'armée fait sa loi et relègue ceux dont elle ne veut plus dans le ghetto - ghetto dans lequel Maïa trouvera ses compagnons d'infortune, formant un trio aussi disparate qu'efficace. Et il s'agit bien là du principal point fort, car ce sont les personnages qui insufflent au roman toute son essence. Gabrielle Massat construit l'intrigue du point de vue de son héroïne tout en faisant la part belle à ses acolytes et ennemis, dont la psychologie est finement recherchée. Les relations que l'auteur tisse entre eux et leur évolution sont d'une grande justesse et on ne peut que se prendre d'affectation pour son improbable trio.


Autre point très appréciable à mes yeux : il s'agit d'un one-shot, ce qui est assez peu classique pour le genre. Combien de séries de fantaisie ai-je aimé, en tous cas jusqu'à un certain point... À cause de leur découpage en plusieurs tomes qui n'en finissaient plus, ce qui signifiait trop souvent scénarios qualitativement amoindris, traînant en longueur et tirant parfois à l'absurde. L'enfant papillon, premier roman d'une auteur prometteuse, aura échappé à la logique commerciale à laquelle certains éditeurs s'adonnent trop facilement, et c'est tant mieux. Malheureusement, c'est aussi l'une des raisons pour lesquelles il reste trop peu connu. Alors si vous cherchez une dystopie captivante portée par des personnages attachants et une écriture de qualité, n'hésitez pas !

SimplySmackkk
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le 15 mai 2020

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