Elsa Weiss était une enseignante d'anglais dont Michal Ben-Naftali a été l'élève à la fin des années 70. Son suicide a marqué la jeune femme qui est depuis devenue auteure d'essais, éditrice et traductrice. Tellement même que plus de 30 ans plus tard, elle a consacré son premier roman à sa vie. Un vrai défi car Elsa Weiss était un être secret, sans vie sociale, et dont on savait tout juste qu'elle avait échappé à l'extermination nazie, tout en ignorant de quelle manière, puisque cette survivante mystérieuse n'en parlait jamais. L'énigme Elsa Weiss est donc la reconstitution d'une existence, une sorte de biographie inventée mais qui est peut-être proche de ce que fut la réalité. Il y a l'enfance et l'adolescence en Hongrie, quelques mois dans le ghetto de Kolozsvár, l'épopée du "train Kastner", dans lequel elle prit place et qui lui sauva la vie, le passage par le camp de concentration de Berger-Belsen, l'arrivée en Suisse avant le départ pour Israël, quelque temps après la fin de la guerre. Plus qu'une existence romanesque, Michal Ben-Naftali raconte une suite d'épreuves au sein de la tragédie du siècle dont on imagine qu'Elsa Weiss ne comprit pas pourquoi elle, et pas de nombreux autres, réussit à en sortir vivante. L'auteure n'en fait pas une héroïne, car elle ne l'était sans doute pas, mais une femme victime et qui s'est vraisemblablement sentie coupable jusqu'au bout. Michal Ben-Naftali, et on l'a comprend, ne s'est pas sentie le droit de jouer avec l'émotion du lecteur à partir du moment où son livre est un "mensonge" sur un personnage ayant existé. Son roman est digne, parfaitement exécuté mais qui se complait dans une certaine froideur, dans une quête impossible pour comprendra qui était l'insaisissable Elsa Weiss.

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le 16 janv. 2019

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