Après la lecture fiévreuse et frénétique de "Le Monstre sur le seuil", j'ai poursuivi par une nouvelle encore plus courte, "L'indicible". Et autant dire précocement que nous n'avons pas affaire, ici, à des ambitions semblables.
Pour vous faire court: deux potos discutent calmement, comme tout bon poto, dans un cimetière. Et comme vous le faites probablement avec vos amis propres autour d'un saucisson et d'une bière, ces deux amis discutent du paranormal et du bien-nommé "indicible". Y a-t-il une façon de justifier les croyances dans le surnaturel? Y a-t-il un quelconque crédit à porter à toutes ces histoires que l'on raconte, une fois le soleil couché et les portes fermées sur nos angoisses? Evidemment, le narrateur prône l'ésotérisme, et en fait presque la démonstration. C'est du moins à un discours argumenté que l'on assiste. Son ami et interlocuteur, lui, fait exactement la contre-balance. On a donc un débat sympathique, qui vous l'aurez compris, basculera à un moment donné dans le vaste délire cosmique de notre bon Lovecraft.


Ceci est un texte qui est bien loin d'être désagréable à lire. Je dirais même plus, quiconque s'intéresse aux idées de Lovecraft, et je vais plus loin que la mythologie qu'il a créé, se verra probablement assez contenté par ce texte, qui laisse deviner (en tous cas, cela le laisse penser) certains pans de la réflexion de notre auteur. Effectivement, ce débat, loin d'ennuyer, solidifie plutôt la substance étrange qui lie chaque texte de Lovecraft avec son voisin.
Le bémol, en revanche, c'est que cette nouvelle reste tout de même axée dans une volonté de divertissement. Et malheur, le divertissement manque un peu. On devine l'inexorable évolution que va prendre le récit, alors même que notre narrateur semble fermer les yeux du début à la fin. Rajoutons à cela que ça finit de manière un peu abrupte et que le développement n'a rien d'étourdissant: on tombe sur un récit un peu mou, qui se serait probablement mieux porté en tant que réflexion assumée et pure.


Bon, rien de bien grave, notamment lorsque l'on constate la faible pagination du récit. On appréciera donc la réflexion agréable et qui ouvre une partie du discours de Lovecraft sans pour autant s'extasier vers les éléments d'une intrigue bien en-deçà de ce qu'a écrit Lovecraft.

Wazlib
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le 7 janv. 2018

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