Ahhhh ce cher Coriolanus Snow...
Nous avons tellement adoré le détester dans la trilogie Hunger Games pas vrai ?


Comme vous, c'est avec une bonne dose de bonheur, quelques questions et une pointe d'appréhension que je me suis lancée dans la lecture de ce préquel, qui nous replonge dans l'univers impitoyable de Panem.
( Ne vous inquiétez pas, je ne vous divulgacherai rien ;)


Dans ce tome surprise, Suzanne Collins nous fait le récit de la fin de l'adolescence de celui qui deviendra le redoutable président Snow.
Le livre se doit donc de répondre à quelques questions pas vrai ?
D'où vient Snow? Quel est son background familial ? Comment a-t'il accédé au pouvoir ? D'où vient sa soif de pouvoir ?


Vous serez heureux d'apprendre que Suzanne Collins répond complètement et de façon très satisfaisante à ces questions.
Mais justement, c'est là que se trouve le hic...


En effet, dans ce roman, Coriolanus est désigné Mentor du tribut du district 12, Lucy Gray.
L'oeuvre de 600 pages ( un gros morceau, y'a de la matière) se découpe donc en trois parties chronologiques: avant, pendant et après le déroulement de la 10ème édition des Hunger Games.


L'autrice n'est pas avare de détails ce qui nous permet de comprendre davantage la conception des jeux et les coulisses de leur tenue, coté Capitole.
Elle nous livre un regard acerbe sur la vile nature humaine qui complète à merveille la vision de Katniss Everdeen développée dans les deux premiers tomes.

Sur ce point là, pas de souci majeur.



L'Homme est un Loup pour l'Homme



d'après le philosophe Thomas Hobbes, et Collins ne cesse de le rappeler dans son oeuvre. Dans l'arène des Hunger Games comme en dehors, personne ne compte et nous ne pouvons compter sur personne.
Aucune loyauté envers quiconque, le seul objectif est de sauver sa peau.


En revanche, bien qu'ayant dévoré le livre, je reste un peu sur ma faim concernant l'exploitation du potentiel de l'histoire développée pour plusieurs raisons.


1) D'une part, je regrette le parti pris de l'autrice, d'avoir à nouveau centré l'histoire sur les sentiments de son personnage principal: Coriolanus
Tantôt omniscients, tantôt caméramans filmant les scènes, braqués sur lui, nous sommes à la fois spectateurs de l'évolution psychologique du personnage et de ses relations sociales et témoins des mentalités des habitants de Panem.
Cependant; ce format qui avait si bien fonctionné avec Katniss, me laisse un peu sceptique...
En effet les dilemmes intérieurs censés torturer le petit Snow, reposant principalement sur son obsession pour l'agent et la nécessité de maintenir le prestige de sa famille, me semblent assez faibles par rapport aux problématiques d'autres personnages.
Par exemple, mettre en avant les réflexions critiques de Lucy Gray, issue d'une communauté nomade aurait pu nuancer la perception formatée de Coriolanus sur sa famille et sa ville.


Voilà un piste qui aurait été intéressante de traiter de façon un peu plus approfondie.
En effet, je ne me suis pas tellement attachée aux personnages secondaires, qui présentaient pourtant des caractéristiques très intéressantes, de la Grand mère aristocrate déchue, à la scientifique sadique en passant par l'envers du décor des sections de pacificateurs ...


2) En outre, j'ai eu l'impression que toute l'intrigue développée est prétexte à expliquer l'ascension au pouvoir et la naissance de la violence de Coriolanus, sans réelle volonté d'absorber le lecteur dans l'univers de l'histoire.
Le rythme était, selon moi, très irrégulier: de nombreux passages superflus étirent l'histoire sans réel intérêt narratif tandis que les moments d'action sont souvent expédiés, de telle sorte qu'on n'a pas tellement le temps de s'émouvoir, de se révolter ou même d'être réellement surpris par les événements.
( Je ne développe pas plus cet aspect pour ne pas vous spoiler :)
C'est dommage, Suzanne Collins m'avait au contraire pris aux tripes dans les précédents tomes, en instaurant une tension palpable en crescendo tout au long de la trilogie.


3) Enfin, un dernier aspect m'a réellement dérangé: l'autrice a ressenti le besoin d'expliquer tous les petits actes symboliques explicites qui se déroulent dans l'histoire, comme si le lecteur était trop idiot pour comprendre les sous-entendus.
Parfois, c'est réellement utile mais c'est tellement fréquent que ça en devient presque lourd.


Bon, évidemment, je suis un peu dure avec ce 4e Tome de Hunger Games.
Le pauvre, il souffre de la comparaison avec le tome 3, qui est définitivement mon préféré, d'où le manque d'indulgence....
En réalité, j'ai passé un bon moment, et le style de Suzanne Collins demeure fluide et agréable à lire. Il ne faut pas s'attendre à un chef d'oeuvre de la littérature dystopique et/ou Young adult, mais je pense que vous passerez un bon moment.


Je recommande donc ce livre aux amateurs de la Trilogie, un peu moins aux novices, qui risquent de passer à coté de certaines subtilités et je tremble d'avance concernant l'adaptation au cinéma....


Autant, les deux premiers sont super, autant les deux derniers sont très décevants selon moi....
Comment adapter ce pavé à présent ?
Un très long film fidèle au roman ?
Un film allégé ?
Plusieurs film, avec, pourquoi pas, un découpage en trois parties ?
Et pourquoi pas une série au final, pour développer davantage les personnages secondaires ?


Beaucoup de questions au final, preuve de l'inérêt que j'ai porté à l'oeuvre !


Merci de m'avoir lu jusqu'ici, je suis curieuse de recevoir vos éventuels retours.
Bonne lecture, et puisse le sort vous être favorable...... (ah ba non ça n'y était pas dans le livre....)


Valentine :)

Valentineuuh
6
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le 9 juin 2020

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