La Bible n'existe pas. Il faudrait dire "les" Bibles. Parce qu'il y a plusieurs manuscrits pour les mêmes passages, avec des différences, et que la Bible qu'on lit est le résultat de choix humains. On peut se perdre aussi dans les traductions, entre celles qui plantent le Nouveau Testament dans l'Ancien en imaginant Jésus annoncé depuis longtemps, celles en Français courant mais flou, celles en langage bâtard entre le Français et les langues d'origines, etc.
Quelle Bible choisir ? Laquelle sera la plus fidèle à la parole de Dieu ? Aucune. Car la Bible est un immense foutoir, entre textes remaniés à plusieurs reprises par différents auteurs parfois séparés par des siècles de distance, multitude d'incohérences (dès la Genèse, il y a deux versions de la création d'Adam et Ève), visions contradictoires de la figure du Christ, et quand un évangéliste le fait prêcher à droite le lundi l'autre lui fait prêcher la même chose à gauche le vendredi et avec un sens différent, il est au four et au moulin en même temps ; chacun tire la couverture de son bord pour lui faire dire ce qu'il souhaite et ainsi propager sa vision. Tantôt fils de Dieu ou fils de l'homme, tantôt Dieu lui-même et en même temps prophète de Dieu donc prophète de lui-même... Il y aurait, selon une étude menée par des savants croyants, 2 à 3% des paroles de Jésus qui seraient authentiques. Sans parler de tous ces passages où Jésus est seul, donc sans témoin. Ça laisse songeur...
Comment expliquer qu'un Dieu qui extermine puisse dire, une fois incarné dans un homme :"Aime tes ennemis" ? "Tu ne tueras point", mais il laissera Josué (qui vient après Moïse, donc après les commandements) opérer une épuration éthnique en tuant hommes femmes et enfants dans le pays de Canaan. Un boucher, Josué.
Certains rétorqueront que c'est une grille de lecture au premier degré, qu'il y a un sens plus profond. Moi-même je me suis dit que la Bible est un brouillard derrière lequel il y a Dieu, brouillard des visions et interprétations humaines, remaniées et remaniées et finalement interprétées dans le texte même et par le catéchisme qui a réussi pendant des siècles à y trouver des choses qui ne sont même pas dans le texte.
Ainsi, le serpent de la Genèse, l'animal le plus rusé que Dieu a fait, devient plus loin Satan, le Léviathan, l'Ennemi. Jésus est un nouvel Adam. Marie une nouvelle Ève. Il y a derrière ces exercices vains de l'esprit comme un besoin de créer des parallèles pour renforcer le sens de la révélation biblique, montrer une sorte de gigantesque plan de Dieu. Mais cela ne reste qu'interprétations basées sur des textes non fiables et contradictoires où on peut trouver un peu ce que l'on veut.
Ainsi des chrétiens, rationnels et logiques au demeurant, pensent vraiment qu'Adam et Ève sont aux origines de l'humanité. Et si leurs enfants n'ont pas souffert de la consanguinité, c'est parce que leurs parents étaient parfaits avant la chute. Sauf qu'Abel, Caïn et Seth ont été conçus après la chute. Etc.
Si vous parlez à un athée de Dieu, de comment ça se vit de l'intérieur, il ne comprend pas. Si vous parlez à un croyant de la longue évolution de notre race pour arriver à l'homo sapiens sapiens, il ne vous comprend pas.
Et pourtant, on trouve dans la foi une force, un appui, une stabilité, des ressources, du sens à ce qui n'en avait pas avant. Elle vous transforme et tire le meilleur de vous-mêmes, elle remplit les vides, les crevasses, les fissures de notre être. Une réalité qui ne cesse de s'enfuir, qui est difficile voire impossible à expliquer à qui ne la vit pas. Cherchez et vous trouverez ; le travail de toute une vie.