J'ai beaucoup aimé cette petite chronique d'Eiji Yoshikawa qui est assez méconnue par rapport à ses romans phares retraçant l'histoire de Miyamoto Musashi. Ayant lu aussi cette fresque, je n'ai pas pu m'empêcher de les comparer, et il faut dire que le style narratif et la façon dont l'auteur crée une histoire superbement riche en termes de personnages, de voyages et de rebondissements m'a vraiment fait penser à ma précédente lecture.


A l'instar de la fresque sur Miyamoto Musashi, l'auteur se concentre principalement sur Kiyomori de Heike (Taira no Kiyomori en japonais). Ainsi, la fresque débute durant l'adolescence de cet homme qui va marquer son siècle, puis se termine peu de temps avant la fin de son règne. Entre ces deux moments, énormément d'événements historiques vont se passer. Le roman se déroule au XIIème siècle, soit 4 siècles avant la légende de Miyamoto Musashi, et l'auteur parvient à retranscrire l'atmosphère de cette période, beaucoup plus éphémère et brutale que la période post-Sengoku de ses autres romans.


Le XIIème est notamment propice à l'avènement de la classe des guerriers, qui vont petit à petit prendre le pouvoir sur les Fujiwara via le clan Heike, puis quasiment remplacer la noblesse traditionnelle beaucoup plus tournée dans la voie des lettres et du thé. C'est notamment cette toute-puissance de la classe des guerriers qui va aboutir à des périodes de guerres extrêmement nombreuses jusqu'à la fameuse bataille de Sekigahara, point de départ de La Pierre et le Sabre du même auteur.


Concernant le roman en lui-même, le fait pouvoir suivre l'évolution des personnages tout au long de leur vie, l'ascension au pouvoir de Kiyomori et sa famille, les intrigues et complots dont font l'objet cette quête du pouvoir sont vraiment rafraîchissants et nous permettent d'en savoir sur cette période importante de l'histoire du Japon. La rivalité entre le clan Heike et Genji est bien retranscrite et ne tombe pas dans le cliché mais se développe au fur et à mesure à la suite d'événements intrinsèques à la culture japonaise, le code des guerriers et leur honneur.


Dans le même style que ses autres romans, Eiji Yoshikawa narre la chronique par le biais de chapitres distincts les uns des autres, qui font la lumière sur un personnage ou un événement particulier, ce qui dynamise la lecture malgré le nombre de pages assez important (un peu moins de 700 pages, mais on commence à s'y habituer en connaissant l'auteur !). J'ai toutefois un peu moins aimé ce roman que son autre fresque, car cette dernière nous laisse un peu sur notre faim et un deuxième volet aurait pertinent pour compléter cette chronique. Mais le livre reste excellent et on se laisse transporter dans ce Japon d'antan, sa beauté et sa brutalité. Je recommande ! Bien que le livre soit assez compliqué à trouver en France, ce qu'on peut regretter.

Oberkampf
8
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le 26 sept. 2021

Critique lue 211 fois

Oberkampf

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