Il doit exister un si grand nombre d’articles sur le premier livre du Seigneur des anneaux que celui-ci n’apportera certainement pas grand-chose de plus. Cependant, je tenais à dire qu’après passé une dizaines d’années à me demander si oui ou non j’allais me lancer dans l’univers de Tolkien, je peux enfin parler de fantasy en citant ce que nombre de gens considèrent comme la « base » absolue. Etant passée cet été par Le Hobbit, et vu que la lecture était loin d’être si terrible, j’ai profité de la motivation de groupe pour une lecture commune (il fallait bien cela) pour franchir enfin le pas. Je ne le regrette pas. Je regrette par contre d’avoir reculé tout au long de mon adolescence en entendant d’inquiétants sons de cloches au sujet de descriptions abominablement longues et, phénomène d’époque oblige, « Harry Potter est beaucoup mieux ! », chose dont j’étais certainement très convaincue au collège. Personne n’a eu une bonne idée de m’offrir la trilogie, j’ai découvert d’autres séries de fantasy entre temps, j’ai vu avec plaisir les films et trouvé cela suffisant. Au final, je me suis retrouvée si fascinée par Gormenghast, une trilogie moins connue mais néanmoins contemporaine à celle de Tolkien, que je me suis donnée pour mission de défendre la mémoire de Peake, l’autre sieur britannique ayant déjà bien assez de fans zélés pour qu’il soit nécessaire de m’y ajouter.
Surtout, n’allez pas croire que je me cherche des excuses…

Plonger dans Le seigneur des anneaux après avoir entendu des amis débattre de long en large de la question sans rien y comprendre – et donc éprouver le moindre intérêt -, vu les films un nombre incalculable de fois, en avoir mangé malgré soi jusqu’à l’écœurement, avec le sentiment que certains en faisaient, à l’instar de la Bible, un livre de chevet unique, à la fin duquel la littérature s’arrêtait définitivement (en dehors de Tolkien et Lovecraft, la lecture c’est pour les faibles), plonger dans Le seigneur des anneaux après tout cela donc, permet-il néanmoins d’apprécier l’œuvre ? Je dirais oui. Quoique l’appréciation, ôtée de toute sa naïveté première, soit biaisée, j’ai passé un très bon moment en compagnie des hobbits, et un peu des autres aussi. Le fait d’être plus âgée m’a, semble-t-il, permis de ne pas être gênée par les descriptions. En réalité, j’ai attendu jusqu’à la fin du livre ces longues descriptions dont on me parlait tant. On ne passe pas plus d’une page sans avoir des dialogues, alors je me demande ce que les gens entendent pas « description », ou alors nous ne devons pas avoir la même définition du mot. S’il en est ainsi, en tout cas, je peux comprendre pourquoi un auteur comme Balzac fait trembler tant de monde. L’écriture est agréablement fluide, tout se suit avec une grande facilité.

L’action, il est vrai, n’est cependant pas très folle. Le fait de connaître l’avance l’issue des péripéties n’aide pas, mais je ne me suis jamais sentie très inquiète pour les personnages, je ne me suis pas surprise à tourner avec avidité les pages pour connaître la suite. S’il n’y a pas de descriptions aussi fournies que la légende le prétend, les bavardages cassent en revanche le rythme. On sent que l’auteur veut s’appliquer à décrire très précisément son univers, et cela l’empêche de développer ses personnages (qui existent plus au travers de leur espèce, fonction, que de leur caractère) et d’intégrer ses explications à une action, comme sauront le faire d’autres auteurs du genre après lui. Cependant, quand on a lu le Trône de Fer, en termes de bavardages inutiles, d’action qui patine, on relativise.
Rétrospectivement, le plus intéressant/amusant pour moi, a été de constater à quel point l’univers de Tolkien avait inspiré le monde du jeu de rôle. Je ne pensais pas que ce serait à ce point flagrant. Si les auteurs de fantasy s’en sont démarqués souvent habilement, on peut dire que l’univers rôliste a beaucoup de travail à faire pour s’émanciper de tous les clichés qui en sont nés.

En tout cas, j’attends avec beaucoup de curiosité de lire la suite, dont j’attends un peu plus d’action, et de vraies scènes de batailles, ce qui est quand même un gros intérêt du genre en général.
Barbelo
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le 16 févr. 2015

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Barbelo

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