(Je pense pas que ce soit un drame mais sachez que ma critique dévoile presque intégralement le contenu du livre)

Récit connu de Zweig avec le joueur d'échec et Amok, cette nouvelle de l'auteur autrichien est narré par un homme dans la soixantaine parlant de sa rencontre dans sa jeunesse d'un jeune professeur qui lui a donné envie de s'intéresser à la littérature et l'admiration que lui a inspiré ce dernier.

De cette passion naissante naitra une relation pleine d'ambiguïté et troublante, Roland cherchant à savoir ce qui peut bien pousser son professeur à faire des escapades et pourquoi celui-ci passe d'une humeur à l'autre, sa femme disant que c'est une habitude chez lui. Au fur et à mesure que la narrateur continue son histoire, on y voit un jeune homme plein de confusion, comprenant de moins en moins celui qui fait l'objet de sa fascination, se sentant de plus en plus trahi par l'homme qu'il admire.

Au fond, les problèmes relationnels entre les deux personnages viennent du mode de vie du professeur et de l'amour qu'il portait envers son élève et qu'il cachait tant bien que mal, comme il le dit si bien à la fin du roman, il ne souhaitait pas à ce que son élève fasse preuve de rejet à cause de son orientation sexuelle et ne voulant pas non plus qu'ils cessent d'êtres amis, se sentant obligé aussi de garder son secret par la réaction que peuvent avoir les autres à son égard, ayant été également exclu tout le long de son enfance par ses camarades. Il est surprenant pour un roman des années 20 de parler de l'homosexualité et des problèmes quotidiens que peuvent avoir les personnes de cette orientation sexuelle, devant faire face aux rejets des autres car jugé en l'état comme une « sexualité déviante » car elle ne s'inscrit pas dans les « normes » (« blabla c'est contre nature », on connait bien trop la musique) et ne suivant pas non plus le schéma de la construction familiale de l'époque.

La révélation à la fin de l'histoire de l'homosexualité du professeur n'est pas ce qui importe le plus dans ce récit mais le jeu de piste que lance zweig, nous essayons comme le narrateur de savoir les secrets qui habitent cette famille et émettre des suppositions en espérant trouver la bonne cependant à chaque étape de cette nouvelle, nous sommes perdu comme le narrateur, comprenant de moins en moins les personnages qui l'entourent.

Après mûre réflexion, on pourrait bien se dire que le roman traine un peu mais la plume agissante de Zweig étant ce qu'elle est, on se laisse porter par la lecture et les différents visages humains qu'on peut voir dans le roman, on sort de la lecture avec une impression de légèreté. Enfin il aura tout de même bien fallu plusieurs décennies pour mettre en lumière les soucis occasionnés par ceux qui ont eu droit aux paroles des intolérants qui prônait à leur manière « la tolérance », l’hypocrisie humaine ayant bon dos et ne cessant jamais de montrer sa figure, sa forme changeant selon les individus et l'époque.
Snervan
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le 14 mars 2015

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